Le mouvement de mobilisation des surveillants dans les prisons rentre dans sa dixième journée. La ministre de la Justice dit que sa porte est toujours ouverte, mais pour le moment, aucune nouvelle rencontre n'est prévue depuis que les syndicats pénitentiaires ont quitté la table des négociations. Nicole Belloubet, novice en politique, se retrouve en première ligne, et doit gérer sa première crise d'importance.
Tirs croisés sur la garde des Sceaux. Après les syndicats, c'est désormais l'opposition, droite et gauche confondues, qui instruit un procès en laxisme et en incompétence à Nicolas Belloubet, avec même des appels à la démission. Un député socialiste lui reproche notamment son côté technocratique : "Elle fait [le job] comme une ministre techno dont on a tous vanté les mérites mais [...] quand il y a un conflit social, on voit bien que ces ministres technos ne savent pas parler à nos personnels", a ainsi fustigé sur LCP Luc Carvounas, candidat à la présidence du PS.
"Incompétence crasse". Les Républicains estiment quant à eux qu'elle n'a pas pris la mesure de la crise. "L'administration pénitentiaire est pour le moment toujours le parent pauvre de la justice", a déploré lundi Lydia Guirous, porte-parole du parti. Le président LR de la région Paca, Renaud Muselier, a quant à lui réclamé sur Public Sénat la "démission" de Nicole Belloubet, dont il dénonce l'"incompétence crasse".
Service minimum du côté de l'Elysée. Coté défense :"Ne vous fiez pas aux apparences, elle peut avoir l'air fragile mais elle sait être très ferme quand il le faut", confie un ministre. Le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a lui indiqué mercredi qu'"à ce stade" les discussions sur la crise des prisons "sont conduites par la Garde des Sceaux", soulignant qu'"il est d'heureux" d'avoir des ministres "qui maîtrisent techniquement des dossiers".
Et pour ce qui est de l'Elysée, on répète que la crise des prisons et le malaise des gardiens ne datent pas d'hier et ne peuvent pas se résoudre "en un claquement de doigts". Quant au soutien plus formel, il se limite pour l'heure au service minimum : l'entourage d'Emmanuel Macron se contente de dire que le président de la République, suivant la formule consacrée, "suit la situation de près". Une manière aussi de signifier qu'il ne faudrait pas que cette crise s'éternise.