La secrétaire générale de la CGT Sophie Binet a appelé jeudi Emmanuel Macron à "sortir du déni" car "il a perdu les élections" après la publication de la lettre que le chef de l'État a adressée aux Français. "Il faut qu'il sorte du déni. Il a perdu. Il a perdu les élections", a déclaré la syndicaliste sur LCI. "Je suis très inquiète parce que je crois qu'Emmanuel Macron n'a toujours pas compris qu'il est président de la République et que quand on est président de la République, on doit être garant du respect des institutions", a complété Sophie Binet.
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"Il faut qu'il entende le résultat des urnes"
Sortant de son silence trois jours après le second tour des législatives, le président s'est adressé mercredi aux Français dans une lettre en demandant aux "forces politiques républicaines" de "bâtir une majorité solide" pour gouverner. "Personne ne l'a emporté dimanche", a-t-il déclaré, scandalisant la gauche qui continue de revendiquer le gouvernement. "Il faut qu'il entende le résultat des urnes", a estimé Sophie Binet. "Emmanuel Macron doit prendre acte du fait qu'il a perdu, doit nommer le Premier ministre qui sera proposé par le Nouveau Front populaire et laisser le Nouveau Front populaire travailler avec l'Assemblée pour construire des majorités."
"S'il ne respecte pas le résultat des urnes, il risque encore une fois de plonger le pays dans le chaos", s'est inquiétée la numéro 1 de la CGT. "On a l'impression d'avoir Louis XVI qui s'enferme à Versailles", a-t-elle encore déploré. Sophie Binet a rappelé que la priorité pour son syndicat était d'"avoir un gouvernement, quel qu'il soit, qui abroge la réforme des retraites, qui augmente les salaires et qui donne de l'argent pour nos services publics". Le 18 juillet, la fédération CGT des cheminots appelle ses syndicats à organiser des rassemblements partout en France et à proximité de l'Assemblée nationale à Paris.
"C'est très facile quand vous êtes la patronne de la CGT de bloquer toutes les choses qui sont stratégiques. Jean-Luc Mélenchon est à son aise dans son univers de type insurrectionnel avec les appuis qui sont ses propres héritages", a déclaré Dominique Reynié de Fondapol sur Europe 1.
Estimant que les relations avec la CFDT étaient toujours "excellentes", elle a promis une communication "dans les prochains jours" sur des "revendications sociales" communes. Invitée de France Inter, la numéro un de la CFDT, Marylise Léon, a de son côté regretté qu'Emmanuel Macron dans sa lettre "ne parle pas vraiment aux Français". "Les attentes des travailleurs et des travailleuses autour du pouvoir d'achat, des conditions de travail, elles ne se sont pas dissoutes avec les élections législatives", a-t-elle rappelé. Elle a aussi jugé "légitime" que ce soit le "bloc qui arrive en tête" qui "pose les conditions et qu'on parte de leur programme".
Sept syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, FSU, UNSA, Solidaires) ont demandé jeudi davantage de "démocratie sociale" dans un communiqué commun après les résultats des élections législatives, la CFTC ayant décidé de ne pas s'y associer même si elle "en partage l'essentiel sur le fond". "Il faut mettre fin à la précarité, au sentiment de déclassement et répondre aux attentes en matière de pouvoir d’achat et d’augmentation des salaires, du point d’indice, des minimas sociaux et des pensions", font valoir les syndicats.