C'est un moyen privilégié de s'adresser, depuis l'Élysée, à un maximum de Français : Emmanuel Macron a choisi, jeudi, de donner une interview à plusieurs quotidiens de la presse régionale. Dans cette interview, le chef de l'État défend sa politique, tout en reconnaissant quelques "maladresses" sur la forme. Mais il trace aussi des perspectives pour la fin du quinquennat, donnant la priorité à la jeunesse, la santé et le grand âge. Le président de la République entend poursuivre les réformes afin, notamment, d'armer la France contre la crise économique.
Un cap qui "reste vrai" mais "une part de maladresse"
Côté bilan, Emmanuel Macron reste sur une ligne qu'il aura toujours tenu depuis le début de son mandat : défendre le fond tout en concédant quelques ratés sur la forme. "Je crois que le cap sur lequel je me suis engagé en 2017 reste vrai", explique-t-il à la PQR (presse quotidienne régionale). Mais "j'ai ma part de maladresse". "J'ai parfois considéré qu'il fallait aller vite sur certaines réformes." Ce qui l'a amené, estime-t-il, à brusquer parfois. "J'ai parfois donné le sentiment de vouloir faire les réformes contre les gens."
Sur la forme, le recentrage est visible dans l'interview même. Emmanuel Macron y mentionne à plusieurs reprises le dialogue social et les partenaires sociaux, lui qui avait jusqu'ici très souvent été pointé du doigt pour son mépris des corps intermédiaires.
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"La rentrée sera très dure"
Emmanuel Macron compte poursuivre les réformes, rendues d'autant plus nécessaires, estime-t-il, par la conjoncture économique compliqué post-crise du coronavirus. "La rentrée sera très dure, il faut nous y préparer. Il nous faut donc dessiner un nouveau chemin." Ce nouveau chemin, le chef de l'État "le voit autour de la reconstruction économique, sociale, environnementale et culturelle du pays. Elle commence par le Ségur de la santé, elle se poursuivra par un chantier sur le grand âge, puis sur l'accompagnement de notre jeunesse, qui a le plus souffert de la crise. C'est à elle que nous avons demandé le plus de sacrifices."
Voilà donc les priorités posées et quelques pistes esquissées. Emmanuel Macron promet d'aller "beaucoup plus loin" sur la question de l'emploi des jeunes, avec "des incitations financières à l'embauche et un ensemble de mesures pour ne laisser aucun jeune sans solution".
La réforme des retraites conservée mais "transformée"
Le président de la République, qui avait évoqué la nécessité de "travailler plus" pour faire face à la crise économique, précise sa pensée lors de cet entretien fleuve. Veut-il toucher aux 35 heures ? Il ne répond pas à la question. En revanche, Emmanuel Macron confirme que la réforme des retraites n'est pas abandonnée. "Le débat autour de la durée du nombre d'années de cotisations continue à se poser. Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes", estime-t-il.
"La réforme des retraites est-elle à mettre à la poubelle ? Non. Ce serait une erreur." Celle-ci pourra néanmoins subir des ajustements, notamment sur le sensible sujet de l'âge-pivot. "Je demanderai au gouvernement de réengager rapidement une concertation en profondeur, dans un dialogue de responsabilité. Il faut que tout cela soit mis sur la table. Je suis ouvert à ce que [la réforme] soit transformée."
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Remaniement et municipales : "Mon rôle n'est pas de commenter la vie politique française"
Questionné sur les sujets de politique intérieure, Emmanuel Macron fait des réponses de Normand. Sur le remaniement, notamment, et la possibilité de remplacer Edouard Philippe à Matignon, le chef de l'État se montre des plus sybillins. Saluant le "travail remarquable" de son Premier ministre, il vante leur "relation de confiance qui est, d'un certain point de vue, unique à l'échelle de la 5e République". Mais d'un autre côté, "j'aurais à faire des choix pour conduire le nouveau chemin", prévient-il. Et "derrière, il y aura une nouvelle équipe".
Les plus observateurs auront noté par ailleurs qu'entre la première publication de l'interview et une dernière relecture élyséenne, un petit détail a changé. À la question de savoir si "c'est de l'histoire ancienne avec Edouard Philippe", Emmanuel Macron avait répondu "au contraire". Dans une seconde version, ce "au contraire" a disparu.
Sur les mauvais résultats de LREM aux municipales, Emmanuel Macron se réfugie derrière une conception très gaulliste du rôle du chef de l'État pour ne pas répondre. "Mon rôle n'est pas de commenter la vie politique française. De là où je suis, je félicite tous les maires que les Français se sont donnés et je veux travailler avec eux."
Inutile d'espérer vraiment plus sur ses intentions pour 2022. "Je n'ai pas le droit de faire des calculs pour moi. Cela voudrait dire de renoncer à prendre des risques utiles pour relancer l'économie."