EN DIRECT - Gouvernement : François Bayrou propose de réunir les forces politiques hors RN et LFI jeudi à Matignon
François Bayrou se rendra de nouveau à l'Élysée ce mercredi après-midi pour avancer sur la composition du gouvernement avec Emmanuel Macron. Le nouveau Premier ministre doit également composer avec les exigences des forces politiques représentées à l'Assemblée. Suivez notre direct.
Le Premier ministre François Bayrou continue ses consultations mercredi en vue de former un gouvernement, une tâche qui se complique d'heure en heure entre les exigences de la gauche et du RN et la menace de LR de ne pas y rentrer. Mardi, l'allié historique d'Emmanuel Macron qui a enfin décroché Matignon après 40 ans de vie politique a essuyé un vent de critiques venues de toute part pour avoir choisi d'assister au Conseil municipal de Pau plutôt que se consacrer à la gestion de la crise à Mayotte dévasté par un cyclone.
Mais aussi sur la manière dont il s'est justifié, en défendant le cumul des mandats puis en laissant entendre devant l'Assemblée nationale que Pau était "en France" alors que Mayotte est un département français.
Les informations à retenir :
- François Bayrou et Emmanuel Macron s'entretiennent ce mercredi après-midi à l'Élysée
- Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur démissionnaire, estime que les conditions "ne sont pas réunies" pour qu'il reste au gouvernement
- Le nouveau Premier ministre confronté aux exigences de la gauche et du RN sur le budget, et la menace de LR de ne pas rentrer au gouvernement
- François Bayrou propose de réunir les forces politiques hors RN et LFI
"Loi spéciale" adoptée par le Parlement
Le Parlement adopte définitivement une "loi spéciale" après un ultime vote unanime au Sénat, pour pallier l'absence de budget pour 2025. Un texte adopté en urgence afin que la France évite le "shutdwon" en l'absence de budget après la censure du gouvernement de Michel Barnier.
Après l'Assemblée nationale lundi, la chambre haute a approuvé à l'identique ce projet de loi atypique et très restreint dans son champ, qui autorise l'exécutif à prélever l'impôt et à emprunter pour financer l'Etat et la Sécurité sociale. Il pourra donc être promulgué avant le 31 décembre, mais n'épargnera pas le gouvernement et le Parlement de doter la France d'un budget pour 2025.
Macron va recevoir à nouveau Bayrou à l'Elysée mercredi après-midi
Emmanuel Macron va recevoir à nouveau mercredi après-midi son Premier ministre François Bayrou à l'Elysée pour avancer sur la composition du gouvernement, avant de quitter Paris jusqu'à dimanche pour se rendre à Bruxelles, Mayotte, Djibouti et en Ethiopie, a-t-on appris auprès de l'entourage du président.
Cette source n'était pas en mesure de dire si cette nouvelle rencontre, après les deux entretiens de mardi, pourra permettre de déboucher sur l'annonce du gouvernement avant le départ du chef de l'Etat, ou s'il s'agit d'un point d'étape. "Cela avance", avait seulement dit un proche d'Emmanuel Macron après les rencontres de mardi.
Retailleau estime que les conditions "ne sont pas réunies" pour rester au gouvernement
Mercredi, les tourments sont venus d'ailleurs. Alors que François Bayrou essaie de présenter une équipe resserrée d'environ 25 ministres avec des personnalités de gauche, du centre et de droite, selon des sources parlementaires, LR émet des conditions.
Le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, pressenti pour rester place Beauvau, a estimé mercredi que les conditions "ne sont pas réunies" pour qu'il reste au gouvernement. Parlant au nom de son parti, il a expliqué que LR "essaiera de voir dans les jours prochains si un certain nombre d'obstacles sont levés". "Ce serait un comble que le gouvernement tire à gauche alors que la France, elle est à droite", a prévenu Bruno Retailleau qui a rencontré le Premier ministre pendant une heure dans la matinée.
Concernant la composition du gouvernement, le tir est également venu de l'extrême droite. Le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand ou l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne dans l'équipe, c'est non, pour la députée RN Laure Lavalette. Ils "n'incarnent pas la rupture" avec le macronisme souhaitée selon elle par les Français, a-t-elle justifié sur France Inter.
Le RN hausse le ton sur la préparation du budget
Au-delà, ce sont des menaces de plus en plus clairement énoncées de censure qui ont fait monter les enchères mercredi. "Si François Bayrou ne tient pas compte des erreurs qu'a pu commettre Michel Barnier, tant sur la forme que sur le fond, il se dirigera lui aussi vers les mêmes conséquences, c'est à dire tôt ou tard vers une censure", a ainsi prévenu le vice-président du RN Sébastien Chenu.
Soufflant le chaud et le froid sur le président du Modem, qui entretient des relations cordiales avec Marine Le Pen, le parti frontiste commence à hausser le ton sur la préparation du budget, sans vouloir par ailleurs "accabler" François Bayrou dans l'intense polémique autour de son aller-retour à Pau.
Eric Ciotti (UDR, allié du RN) a insisté à sa sortie de Matignon mercredi sur la possibilité d'une censure "si demain, il y avait un budget" alourdissant la fiscalité des entreprises et des particuliers.
Bayrou "est en train d'écrire le récit de sa propre censure", lance Tondelier
Mais l'extrême droite n'est pas la seule à mettre la pression sur Matignon. François Bayrou, "jour après jour, heure après heure, est en train d'écrire le récit de sa propre censure", a ainsi estimé mercredi la patronne des Écologistes, Marine Tondelier, pour qui "les entrées en matière ratées, ça ne se rattrape pas".
"S'il vient pour nous proposer le même budget qu'avait proposé Monsieur Barnier, c'est à dire on change juste les personnes, mais on a les mêmes, les mêmes budgets, les mêmes difficultés pour les Français, nous censurons ce budget-là", a insisté le communiste Fabien Roussel, dont le groupe envisage de voter la censure dès la déclaration de politique générale le 14 janvier.
Plus modérée, Johanna Rolland, première secrétaire déléguée du PS, a réclamé sur BFMTV d'avoir "des interlocuteurs, des hommes et des femmes qui se mettent autour de la table et qui nous disent le chemin de compromis, pour aller vers une non-censure, qui peut être posée".
Un gouvernement pas avant dimanche ?
Au milieu de chacun de ses obstacles se pose une autre inconnue : quand François Bayrou sera-t-il en mesure de présenter son gouvernement ? "Il me semble que les échanges sont quand même très avancés", a estimé le président des députés Modem Marc Fesneau, un très proche du Premier ministre, alors que ce dernier a rencontré Emmanuel Macron deux fois mardi à ce sujet.
Une affirmation confirmée à l'AFP par une source proche de François Bayrou, tout en reconnaissant que si la composante LR et Bruno Retailleau coince, "on s'engage mal". Une nouvelle rencontre à l'Elysée est prévue mercredi après-midi. Auparavant François Bayrou recevait son prédécesseur Gabriel Attal, désormais chef des députés macronistes.
Quoiqu'il en soit, il n'y aura pas d'annonce de gouvernement a priori avant dimanche, le président de la République étant en déplacement à Bruxelles (conseil européen) mercredi, puis à Mayotte jeudi et enfin auprès des troupes françaises à Djibouti jusqu'à son retour dans l'hexagone dimanche matin.