Malgré le refus d'Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets à Matignon, qu'il qualifie de "faute institutionnelle", l'ex-président François Hollande estime dans un entretien au Point mercredi que les socialistes doivent "soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays". Un tacle et une ouverture. Après qu'Emmanuel Macron a écarté en début de semaine l'hypothèse d'un gouvernement issu du Nouveau Front populaire (NFP), son prédécesseur à l'Elysée ne se prive pas de critiquer durement cette décision.
"C'est une faute institutionnelle", affirme-t-il, jugeant que "ça n'était pas au président de la République de 'censurer' lui-même Lucie Castets". Une "faute politique" aussi, car le rejet de la candidate du NFP par l'Assemblée était certes "fort possible" mais aurait du même coup donné "une légitimité plus forte" à "l'émergence d'une solution alternative".
L'alliance avec le centre "inévitablement vouée à une impasse"
Les options sont d'autant plus limitées que François Hollande "ne croi(t) pas à l'alliance avec le centre", qui serait selon lui "inévitablement vouée à une impasse". Mais cela "ne doit pas empêcher les socialistes de soutenir tout ce qui peut faire avancer le pays", car "la question n'est plus seulement avec qui gouverner mais pour quoi faire", ajoute-t-il.
Message transmis à ses camarades du PS, qui ont affiché leurs divisions mardi sur la ligne à tenir vis-à-vis d'un éventuel gouvernement mené par une personnalité de gauche, comme l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, dont le nom revient régulièrement ces derniers jours.
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Bompard met en garde contre une "trahison du vote des électeurs"
Arthur Delaporte, député PS du Calvados, a cependant assuré sur Sud Radio que son groupe avait défini "une position extrêmement claire" et que "tout gouvernement qui sera la perpétuation du macronisme sera évidemment censuré".
Mais Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, a constaté dans La Grande interview Europe 1-CNews qu'"il y a une branche au sein du PS qui préférerait participer à des opérations de soutien ou de maintien de la macronie au pouvoir", ce qui "serait une trahison du vote des électeurs". Même mise en garde de la cheffe de Ecologistes Marine Tondelier, qui a déclaré sur LCI que ceux qui pactiseraient avec le camp présidentiel "se trahiraient durablement" et que "l'histoire les jugera".