Après des jours de spéculations quant aux nouvelles mesures envisagées par le gouvernement face à l'épidémie de coronavirus, Emmanuel Macron a mis fin au suspense, mercredi soir. Interrogé par Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, quelques minutes après l'annonce du rétablissement de l'état d'urgence sanitaire dès samedi en France, le chef de l'Etat a annoncé une série de nouvelles mesures, décidées pour limiter la propagation du virus. Voici les points principaux à retenir de cette interview.
"Nous n'avons pas perdu le contrôle"
Le chef de l'État a d'abord assuré que "nous n'avons pas perdu le contrôle" face à l'épidémie. "Nous sommes dans une situation qui est préoccupante et qui justifie que nous ne soyons ni inactifs, ni dans la panique", a-t-il expliqué, rappelant que le coronavirus "frappe toutes les catégories d'âge" avec des formes sévères.
"Depuis plusieurs jours, nous avons chaque jour 200 de nos concitoyens qui rentrent chaque jour en réanimation", a-t-il ajouté, soulignant une différence de taille avec la "première vague" du mois de mars : la présence du virus sur tout le territoire et l'absence de "réserve cachée" de lits de réanimation pouvant permettre des transferts de cas graves. "C'est pour ça que nous devons prendre des mesures plus strictes."
Des couvre-feux en Île-de-France et dans huit métropoles
Face à cette situation, "il serait disproportionné de reconfiner le pays", a indiqué Emmanuel Macron. Pour "réduire les contacts privés, qui sont les contacts les plus dangereux", le gouvernement a donc pris la décision d'instaurer un couvre-feu, dispositif dont "on a vu la pertinence en Guyane". Ce couvre-feu s'appliquera pour au moins quatre semaines à la région Île-de-France et à huit métropoles : Grenoble, Lille, Lyon, Aix-Marseille, Rouen, Montpellier Saint-Étienne et Toulouse. Il se fera entre 21 heures et 6 heures du matin, à partir de vendredi soir minuit.
"Si pendant six semaines nous tenons ce couvre-feu, nous pensons que nous pourrons progressivement rouvrir", avance Emmanuel Macron.
Des attestations de transport et des contrôles dès samedi
Comme pendant le confinement, des attestations seront nécessaires pour se déplacer dans ces zones dès samedi, a annoncé Emmanuel Macron. "On va définir les cas de bon sens qui permettront de circuler", a-t-il ajouté, évoquant notamment le travail tardif ou les urgences sanitaires. "On n'ira plus chez des amis, on n'ira plus faire la fête."
"Il y aura des contrôles" et des amendes, à hauteur de 135 euros, comme pour le non-port du masque, selon le président de la République. En cas de récidive, la sanction pourra être de 1.500 euros.
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Du chômage partiel et des aides à venir pour les secteurs impactés
Les bars, cinémas, théâtres et restaurants de ces zones "fermeront donc pour cette heure-là", a précisé le chef de l'État. "Si vous avez une demi-heure de transports, vous allez vous organiser pour quitter (un restaurant, ndlr) à 20h30".
"Il y aura des conséquences économiques pour ce secteur", a reconnu Emmanuel Macron. "Le chômage partiel à plein va être réactivé pour tous ces secteurs", a-t-il précisé, citant "l’hôtellerie, les cafés, les restaurants, l'événementiel, le tourisme et le sport." Des consultations sont prévues dans les prochaines semaines, et des dispositifs de soutien supplémentaire seront mis en place. "Je ne veux pas que nos indépendants, nos TPE et nos PME ferment ou tombent en faillite", a martelé Emmanuel Macron.
Pas d'interdiction de se déplacer entre les régions
En ce qui concerne les déplacements, les transports en commun seront maintenus dans les zones concernées par le couvre-feu pour permettre de se rendre au travail, a indiqué Emmanuel Macron. Entre les régions, "nous n'avons pas décidé de restreindre les déplacements" à l'approche des vacances de la Toussaint, a-t-il ajouté. "Nous n'empêchons pas les gens de partir, mais on va leur demander de respecter des règles de citoyenneté."
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Une "règle des 6" pour la vie privée
Ces règles de citoyenneté comprennent notamment "la règle des 6", qui ressemble à une forme de bulle sociale : "On essaie quand on invite des amis de ne pas être plus de six à table", a par exemple affirmé le président de la République, appelant au port du masque, même dans la sphère privée, hors noyau familial. Cette recommandation de limitation des rassemblements à six personnes vaut aussi dans la rue.
Pas de généralisation du télétravail
Le télétravail, "ce n'est pas la panacée", a estimé Emmanuel Macron, y compris dans les zones les plus tendues. "On va plutôt inciter les gens à faire, dans les secteurs où c'est pertinent, deux ou trois jours de télétravail par semaine", a-t-il assuré, excluant toute généralisation. "Il faut qu'on réussisse à réduire nos contacts inutiles, nos contacts les plus festifs, mais qu'on continue notre vie sociale, au travail où on sait bien se protéger grâce au masque, à l'école, au lycée, à l'université, dans les associations... Parce que c'est la vie."
Une nouvelle application pour remplacer StopCovid
Face à l'échec de StopCovid, qui n'est pas parvenu à devenir "un vrai outil d'alerte", a reconnu Emmanuel Macron, le chef de l'Etat a demandé l'élaboration d'une nouvelle application pour accompagner les Français face au virus. "Elle va s'appeler 'Tous anti-Covid'", a-t-il expliqué. Présentée le 22 octobre, cette nouvelle application comportera des informations sur la circulation du virus à l'échelle locale et les points de tests les plus proches, et devra aussi permettre de mieux tracer les cas contacts, notamment dans les bars et restaurants.
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Une aide "exceptionnelle" pour les bénéficiaires du RSA et des APL
Depuis le début de la crise, "les emplois qui ont été détruits sont souvent ceux en CDD et en Intérim, qui sont aussi les plus précaires", a enfin souligné Emmanuel Macron, annonçant la mise en place de nouvelles aides. "Pour les bénéficiaires du RSA et des APL, ce qui touche tous les jeunes, on va avoir une aide exceptionnelle pendant les six semaines qui viennent, de 150 euros, plus 100 euros par enfant",a-t-il détaillé.