Est-ce qu’avril 2016 annonce un nouveau mai 1968 ? Pour la huitième nuit consécutive les adhérents du mouvement "Nuit debout" étaient réunis place de la République, à Paris. Suivant leur exemple, des formations similaires sont apparues dans d’autres villes de France et d'Europe. Désormais le mouvement dispose même d’une "Radio debout". Daniel Cohn-Bendit, chef de file de mai 1968, s’est intéressé de près à cette initiative qui échappe aux schémas traditionnels des structures contestataires.
Le refus des idéologies. "Il faut arrêter de comparer. Chaque génération a le droit à sa révolte. Plaquer un modèle historique sur une révolte, c’est ne pas voir l’actualité", dénonce l’ancien leader qui refuse toute comparaison avec les événements de 1968. "Ce qui m’a frappé c’est ce refus des idéologies, du système politique, des partis politiques… Ça c’est totalement différent de ce qui se passait en 1968", analyse-t-il.
Un côté anglo-saxon. Sitting, débats, discussions… "Nuit debout" s’éloigne par bien des aspects de l’image traditionnelle du collectif protestataire, du moins telle qu’on la conçoit en France. "Ce qui est intéressant c’est le côté anglo-saxon. On écoute ! Ça c’est nouveau en France. On est d’accord : on lève les bras, on n’est pas d’accord : on croise les bras. Mais on écoute, on ne siffle pas."
Changer le monde. Comment arrêter l’horreur économique ? Comment ne pas subir la dictature du marché ? Comment aller vers un monde plus solidaire, plus accueillant ? "Nuit debout" peut-il réussir là où de nombreuses initiatives citoyennes et/ou politiques ont déjà échoué ? "C’est pas en trois jours qu’ils vont trouver les réponses que nous, les vieux croulants, on n’a pas trouvées pendant des années", estime Daniel Cohn-Bendit. "‘Nuit debout’ c’est aussi une critique de ce que j’ai fait et pensé pendant des années. Ça m’intéresse. Je ne dis pas qu’ils ont toujours raison, mais ils expriment quelque chose que je veux comprendre."