C'était il y a quarante ans jour pour jour. Le 9 octobre 1981, la peine de mort était officiellement abolie en France, avec la promulgation de la loi défendue au Parlement par Robert Badinter. C'est à cette occasion que le président Emmanuel Macron a participé à une cérémonie de commémoration au Panthéon, en présence de l'ancien garde des Sceaux. Les deux hommes ont profité de l'événement pour lancer un vibrant appel à "l'abolition universelle" de la peine de mort, annonçant une "rencontre au plus haut niveau", début 2022.
La peine de mort, une "honte pour l'humanité"
"L'abolition est un progrès des droits de la personne qui s'est incorporé à la tradition nationale", a défendu Emmanuel Macron lors de la cérémonie. Le chef de l'Etat a par ailleurs déploré les 483 "meurtres d'Etat" recensés en 2020. La peine de mort est toujours en vigueur dans 55 pays du monde. Une véritable "honte pour l'humanité", a affirmé Robert Badinter au Panthéon. "Jamais, nulle part, elle n'a fait reculer la criminalité. Pire encore : s'agissant du terrorisme, ce fléau, la peine de mort, transformerait le terroriste en martyr, en héros, aux yeux de ses partisans. Après chaque exécution, un commando de fanatiques se lèverait pour le venger en commettant de nouveaux attentats".
L'urgence de "l'abolition universelle"
L'ancien garde des Sceaux et le chef de l'Etat ont alors lancé un vibrant appel à "l'abolition universelle" de la peine de mort. Emmanuel Macron a indiqué que la France, dans le cadre de la présidence française de l'UE, au premier semestre 2022, allait organiser "à Paris, avec l'ONG Ensemble contre la peine de mort, une rencontre au plus haut niveau rassemblant les sociétés civiles des États appliquant encore la peine de mort ou un moratoire afin de convaincre leurs dirigeants de l'importance et de l'urgence de l'abolir". Puis, lors de la prochaine Assemblée générale de l'ONU, "la France, avec ses partenaires de l'UE", mobilisera "autour d'une résolution pour que, chaque année, les Etats n'ayant pas aboli la peine de mort communiquent à l'ONU le nombre de condamnations prononcées et le nombre d'exécutions pratiquées", a-t-il ajouté.
Des progrès considérables
"Vive l'abolition universelle !", a conclu Robert Badinter, longuement applaudi par les 200 invités présents au Panthéon. Emmanuel Macron a salué sa "passion, en rien altérée par le temps" et sa "capacité d'indignation". Invité ce samedi matin au micro de Jean-Pierre Elkabbach pour Europe 1, juste avant la cérémonie au Panthéon, l'ex-ministre de la Justice a rappelé les progrès allant dans le sens de "l'abolition universelle". "Quand je suis monté à la tribune de l'Assemblée nationale, en 1981, nous étions le 35ème Etat dans le monde [à abolir la peine de mort, NDLR]. Aujourd'hui, il y a 120 Etats sur 180 qui sont abolitionnistes en droit dans leur loi".