La pénurie de carburant pèse sur les Français. Le gouvernement tape du poing sur la table : Bruno Le Maire a fait part de son agacement. "Les blocages des dépôts de carburant doivent cesser et cesser sans délais", a déclaré le ministre de l'Economie. "Il y a des bus scolaires qui ne fonctionnent pas. Des salariés qui ne peuvent pas se rendre sur le lieu de travail. Des médecins qui ne peuvent pas se déplacer. Des aides soignants à domicile qui ne peuvent pas se rendre chez les personnes qui les attendent."
Le ministre a appelé à des négociations "qui aboutissent vite". "Soit les dépôts de carburants sont rouverts rapidement, soit nous utiliserons les autres moyens mis à notre disposition, y compris les réquisitions."
Un double objectif pour le gouvernement
Le mot à retenir : "réquisitions". Autrement dit, si la grève continue, le gouvernement se laisse la possibilité dès ce mercredi de réquisitionner, c’est-à-dire contraindre par la force, les opérateurs en grève à permettre l’approvisionnement des stations-service. Le gouvernement a toutefois eu du retard à l’allumage. La semaine dernière, il n’y avait clairement "aucune stratégie" de la part de l’exécutif, comme le reconnaissait un conseiller. Un exécutif qui considérait que le problème devait être réglé par Total seulement.
Selon les informations d'Europe 1, plusieurs préfets avaient proposé de réquisitionner les raffineries en grève mais aucun n’avait reçu de réponse positive.
Désormais, le gouvernement change de ton. Avec deux objectifs : tout d’abord, politiquement, essayer de montrer l’autorité du gouvernement pour mettre fin à la chienlit. Deuxièmement, permettre aux Français qui travaillent, aux pompiers, à la police et à la gendarmerie, de continuer d’assurer leurs missions essentielles et vitales.
Mais les réquisitions ne sont jamais simple
Le dernier à avoir mené des réquisitions, c’est Nicolas Sarkozy en 2010. A l'époque, 5.000 stations sont à sec, les raffineries sont bloquées en protestation contre la réforme des retraites. Les salariés sont alors réquisitionnés par voie d’huissier. La situation se débloque et la réforme des retraites portée par Eric Woerth est adoptée.
Pour le gouvernement aujourd’hui, le sujet est politiquement ultra-sensible. Car si les salariés grévistes sont réquisitionnés et qu’ils se mettent en arrêt maladie, le gouvernement prend le risque d’afficher son impuissance. Mais si le gouvernement veut vraiment aller au bout de sa démarche, il lui reste une ultime cartouche : la réquisition des forces armées sur décision du Premier ministre, qui doit alors signer une convention avec l’autorité militaire.
Enfin, le refus de se soumettre à une réquisition est un délit puni de six mois d'emprisonnement et de 10.000 euros d'amende.