La mairie de Lyon et le domicile de Gérard Collomb ont été perquisitionnés mercredi matin dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des soupçons de détournements de fonds publics au bénéfice de l'ex-compagne du maire, a-t-on appris de sources proches du dossier, confirmant une information du Parisien.
Selon Le Canard enchaîné, qui a révélé l'existence de cette enquête, c'est à la suite d'un rapport provisoire de la chambre régionale des comptes d'Auvergne-Rhône-Alpes consacré à la gestion de la ville de Lyon, transmis au Parquet national financier, que cette enquête préliminaire a été ouverte. Dans une première réaction transmise à l'AFP mardi soir, le maire de Lyon s'est dit étonné "qu'on ait pu diffuser des informations tant inacceptables qu'intolérables" alors que les conclusions de l'enquête administrative ne sont toujours pas connues.
Plusieurs emplois municipaux pour l'ex-compagne
Selon les rapporteurs cités par Le Canard enchaîné, Gérard Collomb aurait "fait bénéficier son ex-compagne (Meriem Nouri) de plusieurs emplois municipaux depuis plus de vingt ans". Au total, elle aurait possiblement touché 500.000 euros de revenus cumulés sur une période d'au moins dix ans. Dans Le Canard enchaîné, l'ex-compagne se défend toutefois évoquant un salaire modeste 1.500 euros par mois complété par des heures supplémentaires.
L'ex-ministre de l'Intérieur a confirmé mardi soir que Meriem Nouri avait été employée par la ville de Lyon dans différentes fonctions depuis 1995 "puis titularisée comme agent administratif en juin 2005". Il souligne que pour la période 2015-2017, "un signalement a été effectué par la hiérarchie" de Meriem Nouri dont le maire de Lyon dit n'avoir "seulement été informé en février 2019", sans toutefois préciser les motifs de ce signalement. "J'ai aussitôt pris l'initiative de faire diligenter une enquête administrative dont les conclusions seront rendues fin juin et, conformément à l'article 40, j'ai informé le procureur de la République. Depuis début 2018, Meriem Nouri a été affectée d'abord dans une bibliothèque municipale, puis dans une mairie d'arrondissement où elle travaille actuellement", précise encore Gérard Collomb.
Une façon de nuire à Gérard Collomb à dix mois des municipales ?
Ce n'est pas la première fois que le travail de cette femme dans des services municipaux agite le landerneau politique lyonnais. Un observateur averti se souvient ainsi que des rumeurs d'emploi fictif avaient déjà couru lors de la campagne des municipales de 2008. D'autres sources locales évoquent une femme à la personnalité imprévisible, potentiellement gênante pour la carrière de l'élu. Pour le maire de Lyon, qui entend se présenter en 2020 aux élections municipales et métropolitaines, les motifs de l'ouverture de cette enquête sont limpides. "Il n'échappera à personne les véritables raisons qui conduisent ceux qui ont pris l'initiative de diffuser de telles informations de m'atteindre à dix mois des élections municipales", a-t-il tonné. Ses proches dénoncent un "règlement de comptes" et une "opération boules puantes".
Cette affaire survient dans un contexte politique délicat pour Gérard Collomb, défié dans ses propres rangs LREM pour le prochain scrutin par son ancien dauphin et actuel président de la métropole lyonnaise, David Kimelfeld. Contacté par l'AFP, l'avocat de Gérard Collomb Richard Zelmati n'a souhaité faire aucun commentaire.