C'est tout un pan de la vie politique française depuis le milieu du XXe siècle qui s'apprête à être passé en revue par l'un de ses personnages les plus controversés. Le 1er mars, à bientôt 90 ans, Jean-Marie Le Pen va publier le premier tome de ses Mémoires, Fils de la nation, aux éditions Muller. Le Parisien en a révélé les bonnes feuilles, mardi.
"Pétain n'a pas manqué à l'honneur". "Le Menhir" y évoque les moments-clés de sa vie et loue une nouvelle fois Philippe Pétain, qui a mené la collaboration avec Adolf Hitler : "Celui-ci était légal et légitime, il avait passé avec le Reich un acte régulier et contraignant", dit-il de Philippe Pétain. "Si De Gaulle a eu de la vista, Pétain n’a pas manqué à l’honneur en signant l’armistice. L’opinion majoritaire était d’ailleurs que la France avait besoin d’une épée et d’un bouclier contre les Allemands et je l’ai partagée longtemps, jusqu’au jour où l’écoute de la radio de Londres m’en détrompa", écrit-il encore. De Gaulle reste d'ailleurs pour lui "une horrible source de souffrance pour la France", un homme "laid" qui "n'avait pas une tête de héros".
" Marine Le Pen est assez punie comme cela pour qu’on ne l’accable pas. Un sentiment me domine quand j’y pense : j’ai pitié d’elle "
Il récuse avoir été tortionnaire en Algérie. Le Morbihannais de naissance lève une partie du voile sur sa participation à la guerre d'Algérie : "On a parlé de torture. On a flétri ceux qui l’avaient pratiquée. Il serait bon de définir le mot. Qu’est-ce que la torture ? Oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger, mais les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possible. Y figuraient les coups, la gégène et la baignoire, mais nulle mutilation, rien qui touche à l’intégrité physique. (…) Il est plus que ridicule (…) de jeter l’opprobre sur des hommes qui ont le courage d’utiliser sur ordre, pour obtenir le renseignement qui sauvera des civils, des méthodes brutales qui leur pèsent, qui leur coûtent", écrit Jean-Marie Le Pen, qui parle d'accusations "bidons" à propos de la torture qu'il aurait pratiquée.
Marine Le Pen, "assez punie comme ça". L'ouvrage couvre la période allant de sa naissance à 1972, année où il crée le Front national. Mais Jean-Marie Le Pen n'oublie pas d'aborder le cas de sa fille Marine, avec qui le divorce est consommé depuis 2015. "Marine vient de subir une présidentielle et des législatives décevantes. (…) Elle est assez punie comme cela pour qu’on ne l’accable pas. Un sentiment me domine quand j’y pense : j’ai pitié d’elle. (…) Sa stratégie et son stratège se sont plantés (...). En s’appliquant à me rendre ringard, elle s’est éclaboussée dans la manœuvre par son échec, et sans doute le Front national aussi, ce qui est plus grave", dit celui qui va publier l'ouvrage dix jours avant le Congrès du Front national, qui a lieu les 10 et 11 mars.