Samedi soir, lors de sa première interview télévisée en tant que Premier ministre, Jean Castex l'a assuré : l'écologie n'est pas une option". Manière de dire que la protection de l’environnement sera au cœur de son action à la tête d’un gouvernement dont la composition sera connue lundi. Mais il en faudra plus pour convaincre les écologistes. "Je suis prudent, dubitatif ", a ainsi assuré Pierre Hurmic, le nouveau maire EELV de Bordeaux. "Pour l’instant, il est dans le statut de celui qui fait des déclarations. Son parcours ne laisse pas deviner beaucoup d’ouverture par rapport aux problématiques écologistes", a souligné le tombeur de Nicolas Florian, successeur désigné d’Alain Juppé.
Pour autant, l'édile ne veut pas condamner a priori le Premier ministre. "Peut-être que le costume de Premier ministre va le rendre un peu plus ouvert à ces problématiques-là. Donc je ne veux pas non plus hypothéquer ce que seront ses premières mesures politiques", a assuré Pierre Hurmic. "J’accueille avec beaucoup d’optimisme cette ouverture aux territoires qui contrastera avec le début du quinquennat Macron, qui n’avait pas brillé sur ce terrain-là." Sa position, donc : "de la prudence, plus qu de la méfiance. J’attends de voir", a-t-il résumé, réclamant "l'écologie par le preuve, l’écologie pragmatique".
"Ne pas rester dans la dissertation écologiste, mais passer vraiment dans l’action"
Si pierre Hurmic s'est montré aussi sceptique, c'est aussi parce qu'il n'oublie pas qu'aux dernières municipales, LREM a préféré s'allier avec la droite plutôt qu'avec les écologistes. "Je ne vais pas oublier les coalitions anti-climats, cette alliance entre le parti LR et le parti présidentiel pour combattre des candidatures écologistes. C’est un signe très fort", a estimé le maire de Bordeaux. "Il faut tourner la page, mais c’était un peu une déclaration de guerre aux candidats, dans des grandes villes, qui s’apprêtaient à faire en sorte que l’écologie puisse être en mesure de gagner ces élections", a-t-il insisté, relevant avec malice en référence aux nombreuses victoires des Verts : "Je note que cela s’est révélé d’une inefficacité totale".
Mais là encore, Pierre Hurmic laisse le bénéfice du doute au président de la République, notamment quant à la mise en place des mesures préconisées par la Convention citoyenne sur le climat. "Je ne veux pas lui faire un procès d’attention. Mais c’est à lui à nous donner de vraies signes, de ne pas rester dans la dissertation écologiste, mais de passer vraiment dans l’action", a-t-il exhorté.