"Pognon de dingue" : "La forme, convenons-en, était grossière à tous points de vue", estime François Hollande

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Romain David , modifié à
L'ancien président de la République, invité de la matinale d'Europe 1 jeudi, a vivement critiqué la dernière séquence de communication d'Emmanuel Macron autour de la délicate question des aides sociales.
INTERVIEW

C'est une vidéo qui a été abondamment commentée. Dans la nuit de mardi à mercredi, la conseillère en communication d'Emmanuel Macron a publié sur les réseaux une vidéo du président travaillant avec ses conseillers sur le discours qu'il devait prononcer le lendemain devant la Mutualité française. Le chef de l'Etat s'y agace notamment du "pognon de dingue" dépensé dans les minimas sociaux. Une séquence de com' vivement critiquée jeudi par son prédécesseur, François Hollande, au micro d'Europe 1. "La forme, convenons-en, était grossière à tous points de vue, par les mots utilisés et par le procédé lui-même", a-t-il taclé. "Chacun a sa méthode, moi, je n'étais pas dans la répétition, et je ne pense pas qu'il soit bon d'enregistrer les répétions", a encore estimé l'ex-chef de l'Etat.

Ne pas stigmatiser. "Dans la communication, on finit par s'intéresser à la forme et pas au fond", relève François Hollande. Alors qu'Emmanuel Macron déclare dans cette "vidéo-coulisse" que les aides sociales coûtent trop chers et sont trop peu efficaces, son ancien mentor lui reproche de vouloir creuser les inégalités. "Quel est le fond ? Savoir comment l'on traite la question de la pauvreté et des inégalités. Je pense que ce sont de bons principes de dire qu'il faut de l'efficacité dans les prestations, ce sont de bons principes de rappeler qu'il faut de la responsabilité. Chacun doit être responsable", estime François Hollande. "Mais il ne faut pas utiliser ces principes pour accentuer les inégalités ou pour stigmatiser, ou laisser penser que la pauvreté serait volontaire", avertit le socialiste.

 

"Les aides ne suffisent pas", mais... "Il n'y a pas des personnes qui se mettent dans la pauvreté, qui ont la précarité comme horizon simplement pour toucher une aide ou une prestation", soutient encore l'ancien locataire de l'Elysée. "On peut même constater qu'il y a des personnes dans la pauvreté ou la précarité qui ne vont pas toucher leurs aides, et c'est l'un de sujets qu'il faut traiter", explique-t-il. "Les aides ne suffisent pas et on ne peut pas simplement penser que c'est la redistribution qui fera sortir les enfants de la pauvreté. L'éducation, la politique urbaine, la politique de santé, tout cela doit concourir", énumère-t-il.

... les réduire est "une erreur". S'il convient donc, comme son successeur, que les aides sociales ne résolvent pas le problème de la pauvreté en France, François Hollande s'oppose cependant à l'hypothèse d'une suppression, piste évoquée par certains responsables gouvernementaux ces dernières semaines. "Imaginer qu'en retirant des prestations on va rendre les pauvres plus responsables de leur vie, je crois que c'est une erreur", conclut-il.