Pour Cambadélis, le maintien de Ferrand est "une contradiction majeure"

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Jean-Christophe Cambadélis a estimé au micro d'Europe 1 que le maintien de Richard Ferrand à son poste brouillait les annonces du gouvernement sur la moralisation de la vie publique. 
INTERVIEW

Alors même que François Bayrou vient de présenter son projet de loi de moralisation de la vie publique, Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des Territoires visé par une enquête préliminaire pour un montage immobilier, continue de conserver la confiance de l'exécutif. "C'est une contradiction majeure, tout le monde l'aura compris", pointe Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, invité vendredi d'Europe 1.

Un débat "obscurci". "Il devrait de lui-même quitter sa responsabilité parce qu'il obscurcit tout le débat politique - on ne parle que de ça -, et lui-même ne peut pas exercer sa fonction – on ne lui parle que de ça", pointe le député de Paris. "On avait dit, il n'y a aucune faute, il faut attendre une décision de justice ou une enquête. Il y a une enquête et il reste au gouvernement".

"Une situation difficile pour lui et pour nous". Lui-même condamné pour recel d'abus de biens sociaux en 2000 et recel d'abus de confiance en 2006, le patron des socialistes souhaite rappeler qu'il avait pris à cette occasion ses distances avec la vie publique. "À l'époque, je m'étais retiré, je n'avais pas attendu 48 heures, il faut pouvoir plaider, défendre votre intégrité. Là, il ne peut pas le faire. C’est une situation difficile pour lui et pour nous. Au lieu de débattre sur le code du Travail, par exemple, on passe trois minutes sur Ferrand !", se désole Jean-Christophe Cambadélis.

Le bras de fer du président. Pour l'élu, le maintien de Richard Ferrand trahit aussi la volonté d'Emmanuel Macron de ne pas céder à la pression médiatique et d'imposer son propre tempo. "Je pense que le président de la République exerce son caractère jupitérien : ce n'est pas à la presse de décider en lieu et place du président de la République. Il exerce un rapport de force à travers cette affaire", estime Jean-Christophe Cambadélis.

Y-ta-il un pilote dans l'avion PS ?

"Les choses vont mal, il n'y a plus de pilote dans l'avion, tout le monde est planqué et fait ce qu'il veut dans son coin, c'est n'importe quoi", a dénoncé l'ex-frondeuse Marie-Noëlle Lienemann dans les colonnes du Figaro mercredi, à propos de l'état du Parti socialiste, relégué à la cinquième position au premier tour de la présidentielle. "Il y a un pilote et heureusement qu'il est là, à Solferino !", a voulu rassurer Jean-Christophe Cambadélis, toujours au micro d'Europe 1.

Sera-t-il candidat à sa succession à la tête du PS ? "On verra ça après le 18 juin [date du deuxième tour des législatives, ndlr]", balaye le député de Paris. "Ça dépend de la discussion que nous aurons entre nous".