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Antonin André et R.Da.
François Fillon et Alain Juppé, candidats à la primaire de la droite, présentent des programmes économiques très favorables au patronat.

Les projets économiques des candidats de droite à la primaire se dessinent progressivement. François Fillon tient aujourd’hui un grand rassemblement sur le plein emploi. La semaine prochaine, Alain Juppé sort son livre intitulé 5 ans pour l’emploi. Point commun des deux prétendants à l'Elysée : un programme essentiellement axé sur les entreprises.

Des patrons gâtés. Fin des 35 heures, fin du CDI, instauration de la TVA sociale, facilitation des licenciements économiques, suppression des emplois aidés, refonte de toutes les aides sociales, alignement des conditions de travail des apprentis sur celle des salariés…. le programme économique de François Fillon, proche dans les grandes lignes de celui d'Alain Juppé, a de quoi ravir le Medef et à l’Apec (association de cadres). Du côté de la fiscalité, là encore les patrons devraient êtres gâtés, avec une baisse de l’impôt sur les sociétés et l'abolition de l’impôt sur la fortune. En revanche, aucune mesure pour les classes populaires et les classes moyennes, celles qui ont pris de plein fouet la re-fiscalisation des heures supplémentaires et les hausses d’impôt du quinquennat de François Hollande. Pire encore, les candidats envisagent des dizaines de milliards de coupes budgétaires, dans la protection sociale notamment.

Bonne gouvernance. Avec un tel programme, la conquête des classes moyennes et populaires devrait être difficile. Alain Juppé et François Fillon leur promettent de l’emploi, et rien de plus, assurant que, de toutes manières, les Français ne croient plus aux promesses et aux rêves en campagne. Dans l'entourage d'Alain Juppé, on explique qu'il s'agit d'afficher une volonté de bonne gouvernance, plutôt que de tenter de s'attirer les faveurs électorales. Le pari est plutôt risqué.

Risque de gronde. Ce discours très libéral pourrait profiter à François Hollande. S'il est candidat, il ne devrait pas manquer d'arguments pour renvoyer la droite à sa caricature et ressouder la gauche. Surtout, la mobilisation autour de la loi El Khomri, dont les modifications qu'elle apporte au code du travail restent assez limitées, démontre que même en cas de victoire de la droite à la présidentielle, il sera difficile de toucher à nouveau au droit du travail, aux fonctionnaires, et d'alourdir les charges pour les classes moyennes sans déclencher un vaste mouvement de protestation sociale. Le Premier ministre Alain Juppé, largement fragilisé lors des grèves de 1995, devrait s’en souvenir.