Jean-Marie Le Pen estime dans un entretien au Journal du Dimanche que changer le nom du Front national, comme le souhaite sa fille Marine, "c'est une trahison", "c'est inacceptable et suspect".
Une "trahison". Il demande "très fermement" aux adhérents du parti "de rejeter la réforme des statuts, ainsi que le changement du nom du Front national". "Objectivement, c'est totalement absurde. Subjectivement, c'est une trahison de l'histoire du mouvement. C'est inexplicable et suspect", déclare l'ancien président du FN, aujourd'hui exclu du parti dont il reste cependant président d'honneur, comme vient de le confirmer la justice.
Nouveaux statuts et nouveau nom. Lors du congrès des 10 et 11 mars, à Lille, qui veut acter la "refondation" du parti, les militants se prononceront sur une réforme des statuts qui supprime le poste de président d'honneur, déjà validée fin janvier par la direction du FN. Les militants voteront sur un nouveau nom, "dans la foulée" du congrès qui doit s'exprimer sur les modalités de ce vote, a indiqué la présidente du parti, Marine Le Pen. Son père confirme dans le JDD qu'il sera "à Lille" pour le congrès, précisant qu'il ne sait "pas encore quelle forme prendra (s)on intervention". Le FN a assuré qu'il lui en interdirait l'accès, au motif qu'il n'est plus adhérent.
"C'est mon sang qui coule dans ses veines". À sa fille qui a estimé qu'il "ferait n'importe quoi" "pour quelques minutes d'existence médiatique", Jean-Marie Le Pen rétorque qu'il a "existé avant elle" et qu'"elle existe grâce" à lui. "Elle ne pourra rompre ses liens avec moi qu'en se suicidant ! C'est mon sang qui coule dans ses veines", affirme-t-il, interrogé sur la volonté de sa fille de rompre avec lui et de dédiaboliser le parti.
Plus de relations avec Marine et Marion. "Elle ne serait pas ce qu'elle est si je n'avais pas dirigé le FN, et soutenu sa candidature à la présidence du parti. Et puis, elle est présidente depuis sept ans. Par conséquent, si l'image du Front est diabolique, c'est sa responsabilité". Jean-Marie Le Pen indique ne pas être en relation avec sa fille - "c'est une tristesse. Mais la vie politique en compte beaucoup" -, ni avec sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, qui s'est retirée de la vie politique.
Lui-même ne sera pas candidat aux élections européennes de 2019 - il laissera "cela à des gens plus jeunes" -, mais n'entend pas renoncer "à faire de la politique". "Je m'exprimerai sur ce que je crois être l'intérêt du pays aussi longtemps que j'en aurai la capacité".
Wauquiez, un "rival". À la question de savoir si le président de LR Laurent Wauquiez est un danger pour le FN, Jean-Marie Le Pen juge que "c'est un rival". "Il est sans doute le concurrent Républicain le plus dangereux, puisqu'il se base pratiquement sur les mêmes thèmes que le FN".