Plus de son, plus d’image. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen sont devenus inaudibles. Pourquoi ? Parce que, d’abord, tous deux ont craqué physiquement au lendemain de l’élection. Ils se sont cachés chez eux plus d’une semaine, et pendant ce temps-là, le regard des Français a changé. Car ils ont perdu, ils ont raté leur rendez-vous avec l’Histoire.
La catégorie des perdants. Ce devait être leur moment. Souvenez-vous : la patronne du FN et le leader de la France Insoumise à la une du New York Times. Tous leurs discours étaient retransmis en direct, à l'occasion de meetings de plus en plus mobilisateurs. Pendant trois ans, Marine Le Pen est restée en tête du premier tour dans tous les sondages. Certains l’imaginaient à l’Elysée. Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen ont fait trembler la campagne et la République. Mais aujourd’hui, après l’élection d’Emmanuel Macron, c’est presque comme si ils appartenaient déjà au passé, ranger dans la catégorie des perdants.
Un pari risqué. Tous les deux sont pourtant repartis en campagne, et prennent le pari de devenir demain des figures de l’Assemblée nationale. Un pari très risqué. Dans ce combat, ils peuvent perdre la stature nationale qu’ils s’étaient forgés. Et d’ailleurs, ce n’est pas un hasard si leurs entourages les en ont dissuadé. Encore un point commun entre les deux : ils ont l’un et l’autre hésité à se lancer. En petit comité, on leur répétait : "N’y va pas, tu vas t’abîmer… tiens plutôt la boutique".
Marine Le Pen comme Jean-Luc Mélenchon ont choisi de ne pas les écouter, convaincus que c’était la seule manière de rebondir, de ressusciter, d'être élu à l’Assemblée. Sauf que maintenant, ils n’ont plus le droit à l’erreur. Un nouvel échec serait synonyme de désaveu, de claque. Ils pourraient cette fois disparaître complètement.
Rentrer dans le système pour survivre ? Les deux doivent l’emporter dans des circonscriptions où ils ne vivent pas. Elle à Hénin-Beaumont, lui à Marseille. Ils s’y lancent donc à cœur perdu, dans une forme d’indifférence. Finis les grands discours, place aux brocantes, aux marchés, aux tractages. Et même s’ils gagnent, qu’ont-ils à espérer ? Au mieux, la présidence d’un groupe parlementaire : quinze députés, peut-être vingt. Précisément, l’un des rôles les plus classiques du fameux "système" qu’ils ont fustigé pendant toute la campagne.