Un dialogue avec l'ensemble des formations politiques représentées au Parlement pour des textes "transpartisans", voire des référendums : Emmanuel Macron a esquissé mercredi les contours de son "initiative politique d'ampleur", censée débloquer une situation complexe au Parlement. Lors du Conseil des ministres de rentrée à l'Élysée, le chef de l'État a évoqué sa feuille de route, qu'il avait annoncée cet été et dont les détails doivent être affinés dans une interview à paraître dans l'hebdomadaire Le Point.
Des référendums
Toujours dépourvu de majorité absolue à l'Assemblée, Emmanuel Macron entend recevoir la semaine prochaine les responsables de l'ensemble des forces politiques représentées au Parlement. Une première inflexion par rapport aux indications précédentes où il était fait référence à "l'arc républicain", expression devenue courante dans la macronie pour exclure le Rassemblement national et La France insoumise.
Ces discussions, a précisé le chef de l'État, pourraient déboucher sur des projets de loi transpartisans, voire des référendums, selon des participants au Conseil des ministres. En six ans de présidence, Emmanuel Macron a plusieurs fois évoqué l'hypothèse de référendums, sans pour l'heure y avoir eu recours. Cet été, l'Élysée expliquait que l'objectif de ces rencontres à venir était de rechercher, au cas par cas, des majorités sur des thèmes clés comme l'immigration, l'ordre, le travail, les services publics ou encore l'écologie.
"Tout doit être mis en oeuvre pour éviter" le "blocage" que représenterait une éventuelle motion de censure votée par la droite avec les autres oppositions et donc susceptible de faire tomber le gouvernement, expliquait en début de semaine un cadre de la majorité.
"Petite musique" des hausses d'impôts
Mercredi, le président a également tenu à couper court à la "petite musique sur les hausses d'impôts" qui bruisse dans la classe politique et dans les milieux économiques, alors que l'exécutif prépare un budget 2024 qui s'annonce très délicat. Emmanuel Macron a d'ailleurs admis qu'il faudrait "faire des choix", alors que l'exécutif est à la recherche d'économies pour endiguer le déficit.
Charge à la Première ministre de décliner cette parole. "Il n'est pas question, ce n'est pas du tout la philosophie du gouvernement, d'augmenter les impôts des ménages. Au contraire, on veut continuer à baisser les impôts en étant évidemment attentif au pouvoir d'achat des classes moyennes", a déclaré peu après Élisabeth Borne lors de son entretien de rentrée sur France Bleu. La cheffe du gouvernement a néanmoins admis que l'augmentation des franchises médicales faisait "partie des réflexions" pour boucler les budgets. "Un nouvel impôt qui ne dit pas son nom", ont dénoncé à l'unisson le patron du PS Olivier Faure et celui du PCF Fabien Roussel.
Le relèvement des taxes sur l'alcool n'est en revanche pas envisagé par le gouvernement, a précisé la cheffe du gouvernement. Si elle a assuré que le pouvoir d'achat restait une priorité de l'exécutif, elle a également expliqué qu'un nouveau "chèque carburant" n'était pas sur la table, assurant qu'il ne fallait pas s'attendre à "une flambée des prix" à la pompe "dans les prochaines semaines".
"2027, c'est bien loin"
Autres sujets abordés : la canicule qui sévit sur une bonne partie de la France et la fusillade de Nîmes, dans laquelle un enfant de dix ans a trouvé la mort. Mme Borne a dit espérer que les auteurs soient "punis à la hauteur" de ce "drame épouvantable". Elle a également profité de cet entretien pour répondre indirectement à Gérald Darmanin, qui récemment n'a pas craint de se projeter sur l'élection présidentielle de 2027 et organise sa première rentrée politique dimanche à Tourcoing (Nord).
"On est en 2023, on prépare 2024 et 2027, c'est bien loin", a lâché la Première ministre, dont la "préoccupation" est "la cohésion du gouvernement, l'efficacité de l'action du gouvernement et l'unité de la majorité". La rentrée aura une nouvelle fois valeur de test pour Emmanuel Macron, réélu en 2022 mais privé dans la foulée de majorité à l'Assemblée.
Selon son entourage, le locataire de l'Élysée entend démontrer sa capacité d'"action" en France comme sur le front diplomatique - il exposera lundi ses priorités lors de la conférence annuelle des ambassadeurs, avant de participer au sommet du G20 en Inde les 9 et 10 septembre puis d'accueillir le roi Charles III. Autres points forts des semaines à venir: la présentation de la planification écologique, à laquelle Emmanuel Macron consacrera plusieurs jours et des déplacements courant septembre, et la Coupe du monde de rugby que la France accueille à partir du 8 septembre à moins d'un an des Jeux olympiques de Paris.