"Je n'entends pas Juppé". L'attaque est signée Jean-Christophe Cambadélis, invité d'Europe 1 mercredi matin. Pour le premier secrétaire du Parti socialiste, le maire de Bordeaux est invisible dans la campagne des élections régionales. "Juppé est le grand absent de ce moment. Pourquoi on ne l'entend pas, alors qu'il y a un débat qui a l'air de passionner la presse ?", s'est-il interrogé, faisant allusion à la polémique sur le "front républicain" et l'attitude à adopter si le Front national était en position de l'emporter dans une région.
Sur le terrain. Il est vrai que le maire de Bordeaux a déserté les plateaux parisiens ces derniers temps : seulement deux émissions sur les ondes nationales depuis la mi-septembre, d'après le site Politiquemedia. Alain Juppé poursuit en revanche ses déplacements sur le terrain. Il est ainsi à Marseille mercredi, après avoir arpenté la Manche la semaine dernière. Et il sera la semaine prochaine dans la Drôme, puis en Corrèze.
"Alain Juppé a fait le choix de la campagne des candidats sur le terrain. Il a toujours dit qu'il mettrait entre parenthèses sa campagne pour la primaire pendant celle des régionales", explique à Europe 1 Benoist Apparu, l'un des soutiens du maire de Bordeaux. Et le député de la Marne de tacler : "si mes souvenirs sont bons, Jean-Christophe Cambadélis est premier secrétaire du Parti socialiste. Il ferait mieux de s'occuper de la campagne du PS plutôt que de celle des Républicains".
Préparer la primaire ? Oui mais discrètement. Alain Juppé, consacré à 100% aux régionales ? Pas sûr. S'il se déplace bel et bien pour soutenir les candidats des Républicains au scrutin de décembre, le maire de Bordeaux en profite aussi pour rencontrer les responsables de ses comités de soutien locaux. Il ne s'en cache pas puisqu'il le raconte lui-même sur son blog. "Nous continuons à travailler et la campagne se poursuit, mais on n'en fait pas étalage, c'est tout", explique son bras droit, Gilles Boyer, dans les colonnes du Figaro.
La bataille de la primaire commencera véritablement après le 13 décembre, jour du second tour des régionales. En attendant, l'ancien Premier ministre a choisi de la mettre en sourdine, histoire de ne pas être accusé d'entailler la fragile unité du parti. D'autant que "quand Alain Juppé est l'invité d'un média, on l'interroge cinq minutes sur les régionales et un quart d'heure sur la primaire", comme le déplore un proche du maire de Bordeaux.
Unité de façade. Quant à s'afficher avec ses rivaux pour soutenir en masse les candidats aux régionales, ce n'est pas non plus à l'ordre du jour. Plus aucun meeting réunissant les ténors des Républicains n'est prévu d'ici au premier tour, comme le souligne L'Opinion. "On aime tous cette symbolique de Juppé, Sarko et Fillon la main dans la main. On va nous reprocher de ne pas montrer cette image là, mais même si on le fait, on va dire que ce n'est que de l'unité de façade", poursuit ce proche. Juppé préfère donc battre la campagne en solo, quitte à se priver des micros et caméras.