"Il faut que Macron se bouge, c’est lui qui a vendu à GE. Qu’il prenne ses responsabilités !" Samedi, à quelques heures d’une grande marche de soutien aux 800 salariés de General Electric menacés de licenciement à Belfort, un ouvrier s’emportait contre le chef de l’Etat au micro d’Europe 1. La vente de la branche énergie d’Alstom à l’Américain General Electric a été validée en 2014 par Emmanuel Macron, encore ministre de l’Economie. Venu aux côtés d’autres élus afficher son soutien aux salariés de Belfort, Jean-Luc Mélenchon ne s’est pas non plus privé de le rappeler samedi, estimant même qu’un "grave soupçon" pesait sur l’ancien protégé de François Hollande dans le cadre de cette vente.
"Les conditions dans lesquelles s'est faite la vente d'Alstom à General Electric […] donnent à penser. C'est quand même très curieux. Tout cela s'est passé sous l'autorité maintenant lointaine de François Hollande mais monsieur Macron avait déjà des responsabilités […] et maintenant la chaîne de commandement dans cette entreprise est faite de proches de monsieur Macron, donc là il y a un grave soupçon", a relevé Jean-Luc Mélenchon lors d’une conférence de presse en marge de la marche de soutien aux salariés de General Electric à Belfort. Le leader de La France insoumise faisait notamment référence à la nomination en avril dernier d’Hugh Bailey - ancien membre du cabinet du chef de l’Etat lorsqu'il était encore ministre de l’Economie - au poste de directeur général de General Electric France.
Un "pacte de corruption"
Mais les insinuations de Jean-Luc Mélenchon s’appuyait également sur le rapport de la commission d’enquête ouverte à l’Assemblée nationale, en octobre 2017, à l’initiative des Républicains, et portant "sur les décisions de l’État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d’entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d’Alstom, d’Alcatel, de STX". "Jean-Luc Mélenchon faisait référence aux travaux de la commission d’enquête parlementaire […], qui révèlent qu’il y a lieu de penser qu’Emmanuel Macron a joué un rôle particulier dans la cession d’Alstom", a explicité Adrien Quatennens, le député LFI du Nord, invité lundi d’Audrey Crespo-Mara dans la matinale d’Europe 1.
Mi-janvier, le député LR Olivier Morleix, président de cette commission d’enquête, a écrit à la justice, s’étonnant qu’elle ne se soit jamais intéressée à cette vente. L’élu évoquait dans sa missive un possible "pacte de corruption" ; il s’interrogeait notamment sur le fait que, parmi les personnes rémunérées dans le cadre de la vente d'Alstom à General Electric, se trouvent "des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds" pour la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron. Le 29 mai, le député a finalement été entendu par les enquêteurs de l’Office central de Lutte contre la Corruption à Nanterre, selon des informations de L’Obs.
"Les révélations de la commission d’enquête [parlementaire, ndlr] nécessitent que l’enquête [judiciaire, ndlr] ait lieu, pour que nous puissions savoir précisément dans quelles conditions cette cession a été réalisée", estime de son côté Adrien Quatennens.