Bis repetita. Pour la deuxième fois, Jean-Marie Le Pen n'est plus membre du Front national. La première, c'était le 4 mai dernier, lorsque le bureau exécutif l'avait suspendu. Une décision annulée en référé par la justice. Depuis, Marine Le Pen est revenue à la charge et jeudi, le bureau exécutif a tout simplement exclu Jean-Marie Le Pen du parti qu'il a fondé. Pas de quoi clore pour autant la guerre ouverte entre le père et la fille qui dure maintenant depuis plus de quatre mois. Car Jean-Marie Le Pen a encore des munitions sous la main.
Un nouveau recours en justice. D'abord, le patriarche frontiste compte bien saisir à nouveau la justice pour faire annuler la décision du bureau exécutif. "Je demanderai à la justice un arbitrage dont je ne doute pas qu'il soit en ma faveur, comme les trois fois précédentes", a-t-il déclaré vendredi sur Europe 1. En s'amusant au passage : "ça commence à devenir pour moi une habitude !"
Pour contester son exclusion devant les tribunaux, Jean-Marie Le Pen a un argument tout trouvé : les membres du bureau exécutif étaient, selon lui, illégitimes pour le juger. "Il n'y a pas eu de vote du bureau exécutif : on a attendu l'ordre de Marine Le Pen qui, elle, s'était abstraite du débat avec M. Philippot", a-t-il fustigé sur Europe 1. Jean-Marie Le Pen s'appuie sur le droit européen pour justifier son argumentation, et notamment sur le droit à un procès équitable garanti par la Convention européenne des droits de l'homme. Assez savoureux de la part d'un tel pourfendeur des institutions européennes...
Suspense avant l'université d'été. Expert en provocations, Jean-Marie Le Pen pourrait aussi mettre des bâtons dans les roues de Marine Le Pen dès les 5 et 6 septembre, lors de l'université d'été du FN à Marseille. Le patriarche a visiblement l'intention de s'inviter au rassemblement annuel du parti, "où j'espère que tous mes amis se donneront rendez-vous, pour que nous puissions démontrer que nous existons nous aussi", a-t-il affirmé vendredi sur Europe 1.
Dans l'appareil frontiste, on ne l'entend pas de cette oreille. "Il n'a pas à venir aux universités de Marseille", a asséné Florian Philippot, le bras droit de Marine Le Pen, vendredi sur BFMTV. Sauf que Jean-Marie Le Pen ne devrait pas prendre la peine de demander une autorisation. Lors du défilé frontiste le 1er mai dernier à Paris, il n'avait pas hésité à monter sur scène pour saluer la foule, alors que Marine Le Pen s'apprêtait à prononcer son discours.
Vers une dissidence aux régionales ? Autre échéance : les élections régionales de décembre. Alors qu'il avait renoncé en avril à la tête de liste en Paca, Jean-Marie Le Pen prend désormais un malin plaisir à laisser planer le suspense. D'autant que plusieurs élus FN de la région, en conflit avec la direction du parti, cherchent à constituer des listes dissidentes. "On me lance un appel, j'y réfléchis. Rien n'est exclu", confiait Jean-Marie Le Pen à Europe 1 en juillet.
Et la présidentielle ? Interrogé jeudi devant le siège du FN sur une éventuelle candidature en 2017, Jean-Marie Le Pen a éclaté de rire : "mon avenir est plutôt derrière moi". Il semble d'ailleurs avoir abandonné l'idée de créer une nouvelle force politique, un temps envisagée. "Je lance un appel aux électeurs du Front national pour leur dire 'surtout ne vous désunissez pas, restez où vous êtes, ne démissionnez pas'", a déclaré l'eurodéputé, vendredi sur Europe 1. "Nous avons l'ambition de reconquérir notre parti, notre mouvement". C'est donc à l'intérieur du FN que Jean-Marie Le Pen compte poursuivre son combat.