Pourquoi Nicolas Sarkozy reste dans le jeu

© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP
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Éliminé dès le premier tour de la primaire, l'ancien président n'en demeure pas moins un acteur essentiel à droite. Par choix comme par la force des circonstances, il pèse sur la campagne de Fillon.

Sa mort politique avait déjà été constatée une fois. En mai 2012, battu par François Hollande à la présidentielle, Nicolas Sarkozy annonce qu'il se retire de la vie publique. Ceux qui peinent alors à imaginer l'ancien président raccrocher les gants verront leurs soupçons se confirmer deux ans plus tard : la bête politique bouge encore, revient, et prend la tête de son parti déchiré par une guerre fratricide pour le remettre en ordre de marche.

La seconde fois que tout le monde a cru que Nicolas Sarkozy se retirait définitivement, c'était le 22 novembre dernier. Comment lui, l'ancien président, battu dès le premier tour de la primaire avec moins de 21% des suffrages, si sèchement désavoué par les sympathisants de son camp, pouvait-il encore imaginer un avenir politique ? Et pourtant. Le voilà qui parvient, au gré des aléas de la campagne de François Fillon, à rester dans le jeu.

Entre le parrain et le conseiller. Pas comme une figure de premier plan, ça non. Mais Nicolas Sarkozy semble désormais occuper une place entre celle du parrain, dont il est nécessaire d'avoir l'approbation à droite, et celle du conseiller de l'ombre. Preuve qu'il est incontournable : c'est vers lui que s'est tourné, la semaine dernière, un François Fillon en plein doute. Le vainqueur de la primaire de la droite, toujours englué dans les affaires, qui a du mal à faire repartir une campagne de plus en plus difficile sur le terrain, a déjeuné mercredi avec le vaincu pour lui demander conseil.

Ce qui a dû lui demander un effort considérable, selon Henri Guaino, ancien proche de Nicolas Sarkozy. "Si j'en juge par tout ce que [François Fillon] a dit depuis 2012 sur le quinquennat de Nicolas Sarkozy, sur Nicolas Sarkozy, sur ses rapport avec Nicolas Sarkozy, ça veut dire que ça doit aller assez mal pour en arriver là", a lancé lundi sur LCI celui qui est aussi candidat à la présidentielle et ne cache pas son aversion pour le programme de François Fillon.

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" Pour en arriver [à déjeuner avec Nicolas Sarkozy], ça veut dire que ça doit aller assez mal. "
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Sarkozy "faiseur de roi". Appelé quand rien ne va plus, Nicolas Sarkozy dispense donc ses conseils. "Si tu es déterminé, il faut que tu ailles au bout", aurait-il dit à François Fillon, selon Le Parisien. Ça, c'est pour le côté "homme qui chuchotait à l'oreille du candidat". Pour le côté parrain, c'est en calmant ses troupes, très virulentes à l'endroit du candidat empêtré dans les affaires, qu'il aurait œuvré. "Fillon va demander à Sarko de faire taire les frondeurs", prédisait ainsi un ténor du parti avant le grand rendez-vous. "S'il veut rassembler la famille, Fillon ne peut pas le faire sans Sarko, qui a un noyau dur chez les électeurs de droite" et une bonne poignée de parlementaires très fidèles, confirme un cadre LR dans Le Parisien. Qui ajoute que Nicolas Sarkozy se voit déjà comme "la référence ultime à droite, le faiseur de roi".

Le retour des idées de Sarkozy. Mais ce n'est pas tout. Nicolas Sarkozy en profite aussi pour distiller ses idées. Comme l'abaissement de la majorité pénale à 16 ans, proposée par François Fillon –quelle coïncidence– en sortant du fameux déjeuner, mercredi. L'ancien chef de l'Etat avait mis cette mesure dans son programme pour la primaire, et même dans son projet de 2007. Et selon Henri Guaino, si elle n'a jamais été traduite dans la loi pendant le quinquennat de la droite, "c'est parce que François Fillon s'y est opposé de toutes ses forces au moment où la question s'est posée". Aujourd'hui, la donne a changé et les idées sarkozystes infusent plus facilement.

Insubmersible. Si Nicolas Sarkozy apparaît insubmersible, c'est autant parce qu'il s'en donne les moyens que par la force des circonstances. François Fillon avait tenté, pendant la primaire, de se démarquer en se posant comme le garant de la transparence et de la vertu en politique. Rattrapé par les affaires, le voilà forcé de refaire appel à lui. Peut-être, diront les mauvaises langues, parce qu'en matière de déboires judiciaires, Nicolas Sarkozy a plus d'expérience que son ancien Premier ministre. Surtout, parce que l'ancien président a prouvé par le passé qu'il était le plus à même de ressouder sa famille politique.

Reste à savoir combien cet adoubement coûtera à François Fillon. Lui faudra-t-il donner un plus grand rôle dans sa campagne aux sarkozystes, et notamment à François Baroin, comme le prédisait un cadre LR avant le déjeuner ? Dans ce cas, l'ancien chef de l'État aura trouvé un nouveau moyen de rester, encore et toujours, l'homme sans lequel on ne peut pas gagner au sein des Républicains.