A peine rentré de son voyage au Japon, Manuel Valls s’est rendu mardi au siège d’Air France, accentuant un peu plus l'idée que, dans cette crise, le gouvernement soutient totalement la direction. Les dérapages ayant visé le DRH de la compagnie et un de des ses vice-présidents sont "l'oeuvre de voyous" qui méritent des sanctions "lourdes", a estimé le Premier ministre. Un soutien sans faille, qui s'explique.
Pour Manuel Valls, Air France est un symbole, une des vitrines de ce qui reste de la puissance française. Et surtout, dans son esprit, Air France est aussi devenue le symbole de la réforme, sa martingale. Et si on ne peut pas réformer une compagnie aérienne, alors comment peut-on réformer la France ? Le signal envoyé serait catastrophique.
Un conseiller de Valls futur DRH d'Air France. Officiellement, tout se fait en coordination avec l’Elysée, François Hollande ayant lui aussi jugé les incidents "inacceptables". Mais en coulisses, deux hommes jouent un rôle clef. Il y a d’abord Gilles Gâteau, le conseiller social de Manuel Valls, qui devrait devenir le futur DRH d’Air France, et qui connaît donc évidemment le dossier sur le bout des doigts. Puis il y a également Bruno Le Roux, le patron des députés PS, qui a rendu un rapport sur le transport aérien qui a alerté le Premier ministre sur l’avenir d’Air France.
Les Français attachés à Air France. Si ce gouvernement semble bel et bien davantage pencher vers la direction que vers les syndicats dans ce dossier, c'est aussi parce que le SNPL, le syndicat des pilotes, est jugé par certains à Matignon comme un syndicat corporatiste mais aussi comme un syndicat de nantis. Une impression renforcée par les sondages arrivant sur le bureau de Manuel Valls, qui montrent que les pilotes ont eu une image de privilégiés aux yeux des Français. Mais pas seulement. Les études d'opinion prouvent aussi que, pour les Français, il est inimaginable qu’il n’y ait plus de grande compagnie aérienne nationale. Message reçu à Matignon comme à l'Elysée.