La tension entre la France et le Mali ne redescend pas. Lundi soir, les autorités maliennes ont ordonné à l'ambassadeur français de quitter le pays dans les 72 heures. Hier soir, le Premier ministre Jean Castex a annoncé l'ouverture d'un débat au Parlement sur l'engagement de la France au Mali. Car la situation ravive à nouveau la question de la présence française dans cette zone sensible du Sahel, qui représente sept à huit fois le pays des droits de l'homme. Une position où la France "apparaît de plus en plus comme des occupants", analyse Hervé Morin, ancien ministre de la Défense, invité de Romain Desarbres dans Europe Midi ce jeudi.
Des similitudes avec l'Afghanistan
L'ex-ministre voit des similitudes avec la situation en Afghanistan, qu'il a bien connue lors de son passage au gouvernement : "Nous sommes arrivés avec l'idée de reconstruire un État de droit, et autant que possible, une démocratie, en remettant en place des institutions", rappelle-t-il sur Europe 1. "Et il faut reconnaître qu'on n'y arrive pas, que le but de guerre qui était le nôtre, notre engagement militaire qui était celui de lutter contre le djihadisme et de restaurer le Mali et la zone, est bien on est en train d'échouer", déplore-t-il.
Il rappelle également que "ces guerres sont très asymétriques, très difficiles pour les puissances militaires" : "Il y a d'un côté des moyens militaires importants et de l'autre, du terrorisme, de l'attentat, aux coups de feu", retrace-t-il.
La France n'est plus la bienvenue
Concernant l'opération Barkhane au Mali, effective depuis 2014, "il faut en tirer les conséquences", assure Hervé Morin, "il faut d'autant plus en tirer des conclusions quand la junte au pouvoir vous explique qu'on n'est pas les bienvenus", et que la France est perçue comme une puissance occupante, alors "qu'on est venus pour faire la paix".