Le Premier ministre Manuel Valls va annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de 2017 lundi à 18h30 depuis la mairie de son fief électoral d'Évry, dans l'Essonne, a-t-on appris lundi matin auprès de Matignon.
Une candidature attendue. "Manuel Valls, Premier ministre, s'exprimera ce lundi 5 décembre à 18h30 à l'Hôtel de Ville d'Évry", écrit Matignon dans un courriel aux rédactions. L'entourage du Premier ministre a confirmé à l'AFP que le Premier ministre annoncerait bien à cette occasion sa candidature à l'élection présidentielle, qui ne faisait pas de doute après le renoncement du président François Hollande.
Une probable démission. Une semaine pile après un déjeuner à haute tension et quatre jours après le renoncement présidentiel, François Hollande et Manuel Valls se retrouveront pour déjeuner à 13h00 à l'Elysée. Pour l'entourage de Manuel Valls, nommé à Matignon en mars 2014, sa démission ne fait guère de doute : "J'imagine mal, connaissant le Premier ministre, qu'il puisse considérer que, quand on a des responsabilités de très haut niveau, on puisse cumuler la casquette de candidat à l'élection présidentielle et celle de Premier ministre".
Un timing réfléchi. Sur l'agenda de l'Élysée, diffusé dimanche soir, est toujours inscrit pour mercredi à 08h45 un entretien du président avec "M. Manuel Valls, Premier ministre". Les deux têtes de l'exécutif auront à coeur de ne pas donner une image de précipitation, notamment dans un contexte de menace terroriste élevée. "Tout sera pris en compte, la question d'un changement de Premier ministre aussi", dit-on à Matignon. "Quelle que soit la décision prise par le Premier ministre, il s'agit de rebâtir rapidement un dispositif gouvernemental opérationnel", indiquait dimanche soir un proche du président.
Plusieurs noms circulent pour la succession de Manuel Valls. Le président de la République "va s'engager vraisemblablement dans un remaniement, faisons en sorte que la France ne désarme pas pendant cette période, qu'elle reste mobilisée, unie", a averti l'ex-Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, espérant que François Hollande "restera au-dessus de la mêlée" d'ici la fin du quinquennat.
Parmi les noms circulant pour succéder à Manuel Valls, ceux des ministres Bernard Cazeneuve (ministre de l'Intérieur), Jean-Yves Le Drian (ministre de la Défense), Stéphane Le Foll (ministre de l'Agriculture), Marisol Touraine (ministre de la Santé) ou Najat Vallaud-Belkacem (ministre de l'Éducation nationale). Un conseiller d'un poids lourd gouvernemental tablait dimanche sur Bernard Cazeneuve, ne voyant "pas d'alternative". Une autre source gouvernementale ne voyait "que Cazeneuve ou Le Drian", avec un avantage au second qui pourrait plus facilement "cumuler" sa casquette actuelle avec Matignon.
Manuel Valls va devoir rassembler. Sa liberté retrouvée, Manuel Valls s'attellera à entrer dans ses habits de candidat, avec le souci sans doute de continuer d'atténuer les aspects les plus clivants de son discours, et d'obtenir de nouveaux ralliements - il a engrangé dimanche celui du député aubryste Olivier Dussopt. "Il faut que Manuel Valls mute sur un certain nombre de choses", a convenu samedi un de ses soutiens, le député Philippe Doucet. "Je lui conseille amicalement d'être sur une position nouvelle de rassemblement (...) Il faut être soi-même mais offrir une nouvelle perspective", a déclaré dimanche le Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, assurant par ailleurs qu'il ne prendrait pas parti entre les candidats.
Rien n'est encore gagné pour le futur candidat. Pour le Premier ministre, dont les prises de position hostiles aux 35 heures ou à l'ISF ne manqueront pas d'être exhumées, la partie n'est pas jouée - elle sera même "difficile", pronostique Gilles Finchelstein, directeur général de la fondation Jean-Jaurès (proche du PS). "François Hollande et Manuel Valls, c'est la même politique (...) on ne sait pas qui, de François Hollande ou de Manuel Valls, est la lame ou le manche du couteau qui a déchiré la gauche", a attaqué dimanche sur France Inter Arnaud Montebourg, premier et unique candidat à avoir déposé ses parrainages pour la primaire des 22 et 29 janvier.