Les bureaux de vote de la primaire ont ouvert dimanche à 8 heures. Les électeurs vont se rendre aux urnes pour choisir le candidat qui représentera la droite et le centre à l'élection présidentielle. Pascal Perrineau, politologue et ancien directeur du Cevipof analyse le comportement des électeurs au micro d'Europe 1.
- Dans ce deuxième tour de primaire, quels sont les éléments qui peuvent faire la différence entre les deux candidats, les idées ou les programmes ?
"On a vu que dans le fond, les programmes n'étaient pas si antagonistes qu'on a bien voulu le dire. L'opposition entre les deux hommes, Alain Juppé et François Fillon, tourne beaucoup plus autour de la méthode que du fond. Les Français de droite et du centre qui se déplacent vont se prononcer avant tout sur la méthode du changement. On est dans une primaire qui prépare une élection présidentielle. Donc bien sûr la dimension de la personnalité, la manière dont on voit celui pour lequel on va voter dans la fonction éventuelle de président de la République est une variable importante. Mais ce conflit sur la méthode reste quelque chose d'essentiel."
- François Fillon a un avantage numérique issu de sa victoire au premier tour de l'élection mais Alain Juppé l'emporte chez les sympathisants de gauche. Pour quelle raison le score final pourrait-il être plus serré que prévu ?
"Il faudra d'abord regarder attentivement la mobilisation. Les Français vont-ils être plus ou moins nombreux que dimanche dernier ? S'il y a un mouvement de mobilisation intense, on peut se dire que des électeurs du centre et de la gauche, qui n'étaient pas encore mobilisés dimanche dernier se sont rendus massivement aux urnes. Mais on a vu la faiblesse des instruments de mesure donc il faut être extrêmement prudent.
On peut aussi voir la 'surprise Fillon' s'amplifier. Il a séduit beaucoup de Français qui se taisaient jusque-là. Cette percée de François Fillon et cette séduction qui a été extrêmement sensible au premier tour peut continuer également au second. Mais sur le papier, le rapport de force est tout de même nettement favorable à François Fillon."
- Faut-il pourtant prendre en compte la volatilité de l'électorat puisque la primaire se déroule dans une famille politique avec des programmes assez proches ?
"La volatilité a fait son oeuvre surtout au premier tour. Maintenant on va avoir affaire à des reclassements relativement traditionnels. Il faudra suivre attentivement le report de voix des électeurs qui, après les deux candidats qui sont arrivés en tête, étaient les électeurs les plus nombreux, à savoir ceux qui avaient choisi Nicolas Sarkozy. Leur patron leur a dit 'Moi, c'est François Fillon', est-ce qu'il sera suivi massivement ? La question à laquelle, pour l'instant, on n'a pas de réponse c'est 'Combien de Sarkozystes vraiment déçus de la disparition de leur leader vont rester chez eux aujourd'hui ?"
- Quel serait pour la gauche, qui entretient encore le suspense entre Manuel Valls et François Hollande, le meilleur candidat d'Alain Juppé ou de François Fillon ?
"La gauche est sur un scénario où elle se dit 'Plus nous avons d'espace au centre et jusqu'au centre droit, mieux c'est". Le profil de François Fillon est un profil, du moins dans la perception, plus à droite que celui d'Alain Juppé Donc il est sensé sur le papier rendre service à la gauche. Mais méfions-nous de ces calculs parce qu'on a découvert le François Fillon d'une élection primaire mais dès ce soir, on va découvrir le François Fillon candidat de la droite s'il est élu. Il devra rassembler la famille Les Républicains, UDI et électeurs centristes et après il va s'adresser au pays."
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