Après le fiasco de l'élection entre Jean-François Copé et François Fillon à la tête de l'UMP en 2012, les candidats de la primaire de la droite prennent le risque de fraude très au sérieux lors du scrutin de dimanche. À tel point qu'ils ne se font tout simplement pas confiance.
Les assesseurs sarkozystes en ligne de mire. "Chat échaudé craint l'eau froide", avoue un lieutenant de François Fillon. Selon un autre, "un bon millier de bureaux de vote sont à risques". Un chiffre qui grimpe jusqu'à 2.500 d'après une juppéiste. Pour eux, le risque d'irrégularités tient au fait que les sarkozystes ont déployé le plus gros contingent d'assesseurs pour tenir les bureaux de vote. Juppéistes et fillonistes se sont donc mis d'accord la semaine dernière pour s’assurer qu’il y ait un représentant de l'un ou l'autre ancien Premier ministre dans chacun des quelque 10.000 bureaux de vote. Traumatisée par 2012, l’équipe de campagne de François Fillon est allée jusqu'à préparer une vidéo à destination de ses troupes pour leur apprendre à débusquer les irrégularités. Trois séances de briefing via Internet sont même prévues cette semaine.
Des risques dans plusieurs villes. Pour un filloniste, les bureaux sensibles sont "partout". Un élu confie ne pas avoir confiance dans deux villes du Val-d'Oise. Mais les craintes concernent principalement le sud et les Alpes-Maritimes, où des irrégularités avaient été constatées en 2012. Pour le député juppéiste Jean Léonetti, la "propagande sarkozyste" ne doit pas s’immiscer dans les bureaux de vote. "Il faut que nous ayons une vigilance sur la façon dont on reçoit les électeurs, dont on leur explique le déroulement des choses. Il faut que les conseils qu'on leur donne soient empreints d'une grande neutralité. Pour qu'à la fin, les chiffres qui tomberont des Alpes-Maritimes ne soient pas immédiatement contestés dans un endroit ou dans un autre", prône-t-il.
"Aucune espèce de manœuvre". De leur côté, les sarkozystes balayent les soupçons de fraude. Gérald Darmanin, coordinateur de la campagne de l'ancien président de la République considère que les équipes concurrentes sont justes fébriles. "On ne va quand même pas reprocher à Nicolas Sarkozy d'avoir un soutien populaire extrêmement fort et d'avoir été le seul à être capable de mettre dans chacun des 10.000 bureaux de vote un représentant", argue au micro d'Europe 1, le maire de Tourcoing, qui se veut rassurant :"Tout cela c'est la même famille politique, comme Nicolas Sarkozy l'a démontré lorsqu'il s'est présenté à la tête de l'UMP, ça se fera sans contestation, sans aucune espèce de manœuvre et avec le soutien populaire de ceux qui veulent une vraie tendance franche pour gagner le 20 novembre prochain."
Les procurations interdites. En cas d'irrégularité, des recours devant la Haute autorité de la primaire, voire devant la justice, restent possibles. Le résultat des bureaux de vote douteux pourrait alors être totalement annulé. La Haute autorité a par ailleurs interdit le vote par procuration. En effet en 2012, sur 170.000 votants, 30.000 procurations avaient été dénombrées, ce qui avait jeté le trouble sur la sincérité du scrutin.
La primaire : mode d'emploi
Comme lors d'une élection présidentielle, il suffit d'être inscrit sur les listes électorales pour voter. Sur place, il faudra ensuite payer une contribution de 2 euros et signer une charte attestant que l'on "adhère aux valeurs républicaines de la droite et du centre".
10.228 bureaux de vote vont être ouverts, contre 60.000 pour une présidentielle. Pour trouver votre bureau de vote, il faut chercher sur le site Internet de la primaire ou appeler un centre d'appels dédié. En ville, ça ne sera jamais loin de chez soi, mais en zone rurale, il faudra parfois faire 30 km pour aller voter.