Primaire de la droite : pourquoi ils s'engouffrent tous dans la brèche

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Si certains rêvent vraiment de l’Elysée, d’autres ont une idée bien différente derrière la tête.

Ils sont 14. 14 hommes et femmes à s’imaginer devenir le candidat des Républicains pour la présidentielle de 2017. Et ils seront peut-être encore plus. Officiellement déclarés ou seulement putatifs, ils devront remplir certains conditions pour avoir le droit de se lancer dans la bataille de la primaire, en novembre 2016. Certains savent déjà qu’ils devront jeter l’éponge avant le début du combat. Mais pour ceux-là, l’enjeu est ailleurs. Explications.

• "36-15, j'existe !"

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Pour Thomas Guénolé, politologue spécialiste de la droite, "cette surabondance de candidats est un symptôme de la focalisation excessive des médias sur cette élection ! Donc pour exister médiatiquement, ils doivent se présenter." Dans cette catégorie, on pense à l'ex-ministre Michèle Alliot-Marie, qui dit souhaiter que les "idées gaullistes" soient représentées. "Je ferai part de ma décision début 2016", a-t-elle assuré en mai dernier au Figaro. Un filloniste décrypte : "elle a le CV le plus long de l’histoire de la 5e République, mais elle ne veut pas mourir !"

Henri Guaino, lui aussi gaulliste et très critique à l’égard de la primaire, a quant à lui affirmé que  "rien n'est impossible. (...) Nous verrons le moment venu." "Guaino a toujours voulu être candidat à tout ! Il pense être le seul capable de représenter ses idées…", tacle le même filloniste. "Guaino, je n’y crois pas du tout, c’est juste de la gonflette", appuie un membre de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy.

Jean-Frédéric Poisson estime lui aussi être le seul à porter ses idées. Alors le successeur de Christine Boutin à la tête du parti chrétien démocrate va se frotter aux ténors des Républicains, sans grand espoir. Mais il y gagne une visibilité médiatique.

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Et il y a le cas Jean-François Copé. Ostracisé par sa famille politique depuis sa guerre fratricide avec François Fillon, à l’automne 2012, l’ancien patron de feu l’UMP s’astreint depuis à un cure de silence médiatique pour "faire de la politique autrement", nous expliquait son entourage en décembre 2014. Depuis, le député-maire de Meaux a fait savoir dans Le Point qu’il est "prêt" et qu'il "peut être élu président de la République". Surprise à droite, où on le pensait ranger des voitures élyséennes pour quelques années. "Copé n’ira pas mais il a besoin de se refaire la cerise. Il pense que Sarkozy est fini et qu’il est donc le seul à incarner la droite décomplexée. Il a vu quelques parlementaires lors de sa rentrée à Chateaurenard, ça l’a requinqué. Là, il est dans un tour de chauffe !", analyse un proche de Nicolas Sarkozy.

• "Matignon… en attendant l’Elysée"

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Il est LE candidat qui monte à droite, fort de ses 30% à la présidence de l’UMP. Bruno Le Maire, qui se présente comme le "candidat du renouveau", mène une campagne hyperactive en vue de la primaire… alors même qu’il ne s’est pas encore officiellement déclaré. L’ancien ministre de l’Agriculture rêve de l’Elysée, et ne s’en cache pas. "Dès 2017, vraiment ?", lui a-t-on demandé entre la poire et le dessert, fin 2014. "Bien sûr ! Et pourquoi pas ?", a-t-il rétorqué, très sérieux. "Pourquoi pas ?" Un sarkozyste de la première heure à la réponse : "Le Maire est suffisamment lucide et intelligent pour savoir que l’Elysée, c’est trop tôt pour lui. Donc il va juste attendre le score du premier tour, et il se demandera ensuite qui de Sarkozy ou Juppé sera le plus ‘gentil’ avec lui. Et alors il se ralliera à l’un des deux."

Nathalie Kosciusko-Morizet est dans une logique similaire. L’ambitieuse députée de Paris "veut absolument être présidente de la République", confie un élu parisien qui la connait bien. Cela passera donc par la case primaire. "Pour elle, c’est un moyen de se compter et de prendre un peu d’expérience", poursuit ce dernier. "J’y vais, de toute façon", a glissé NKM à Europe 1 en mai dernier. Elle l'a aussi annoncé à Nicolas Sarkozy, pas franchement emballé à l'idée de voir son ancienne porte-parole s'affranchir de la sorte. "C’était chaud", raconte-elle. L’élue parisienne pense pouvoir se glisser dans un trou de souris et s'imagine en chef de fil d’une droite "moderne et ouverte", comme elle dit.  La tâche s’annonce d’autant plus compliquée qu’elle a agacé le patron : "NKM a été imposée par Sarkozy à Paris. Il lui a tout donné. Mais quand on lui demande si elle est bien numéro 2 du parti, il s’amuse : ‘du moment qu’elle le croit !’, raille un proche de l’ancien président.

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Et il y en a aussi certains "qui veulent faire un score pour s'assurer un poste de ministre ensuite. Et plus le score sera élevé et plus le poste sera important. C'est une 'vallserie'". Thomas Guénolé - qui fait ici allusion au petit 5% réalisé par l’actuel Premier ministre lors de la primaire de gauche en 2011 -, jouerait-il les conseillers de l’ombre d’Hervé Mariton ? L’élu de la Drôme, connu pour son opposition au mariage gay puis pour sa candidature à la présidence de l’UMP, assume : s’il ne gagne pas la primaire, il se verrait bien à Matignon. "Si, au minimum, je réitère mon score lors de l’élection à la présidence de l’UMP et que quelques mois plus tard, je suis nommé Premier ministre, je ne me plaindrai pas !" Cela a le mérite de la franchise.

Xavier Bertrand, lui, ne le dira pas. L’ancien ministre du Travail s'est lancé dès octobre 2013, mais sa campagne - active - a du mal à imprimer, comme les sondages, tous plus catastrophiques les uns que les autres en attestent. "Ha oui, c’est vrai, il y a Xavier Bertrand…", s’amuse un élu juppéiste. Xavier Bertrand a, avant cela, une montagne à franchir. Et s’il s’incline face à Marine Le Pen aux régionales, alors ses ambitions en prendraient un sacré coup. Pour ne pas dire plus…

 "L'Elysée…ou rien !"

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Non, Nicolas Sarkozyn’est pas (encore) candidat pour la troisième fois à une élection présidentielle. "Rendez-vous en septembre 2016 !", a-t-il lâché à des lecteurs du Parisien, mi-septembre. "Je suis bouleversé, ce suspense est intolérable", s'est amusé Alain Juppé. Les deux hommes ont de plus en plus de mal à cacher leur rivalité. Les petites vacheries se succèdent, et cela ne va pas aller en s’arrangeant.

Et François Fillon dans tout ça ? Le député de Paris, complètement lâché dans les sondages, a décidé de changer de braquet. Désormais, on le voit partout, on l’entend tout le temps. "Lui, contrairement à d’autres, est dans une démarche programmatique, avec un vrai message à faire passer", juge Thomas Guénolé. Depuis des mois, l’ancien Premier ministre travaille, fait des propositions concrètes, là où Nicolas Sarkozy se contente de gérer les affaires courantes de la droite. Son programme est déjà ficelé, ses troupes ne l’ont pas (encore ?) lâché. Suffisant pour coiffer tout le monde sur le poteau ?

 "Coucou Sarkozy !"

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Ils ne vont pas apprécier mais qui peut croire, sérieusement, à leurs candidatures ? En mars dernier, Christian Estrosi se lançait, à moins que Nicolas Sarkozy ne reprenne ses idées à son compte. Un petit coup de pression du maire de Nice, rien de plus. Puis au cœur de l’été, c’est Nadine Morano qui a surpris tout le monde : "Pourquoi pas moi ?". Oui, l’eurodéputée participera à ce qu’elle appelle le "Koh-Lanta des politiques". Et ça n’emballe pas plus que ça ses petits camarades : "Morano, c’est une question de survie. La primaire, c’est sérieux, on n’y va pas pour sauver sa carrière. Elle serait crédible si elle avait un programme. Là, c’est juste le caprice d’une amoureuse éconduite", tacle un proche du président, qui sait que Morano n’a pas appréciée d’être "sortie" du premier cercle des favoris. L’un d’entre eux à la dent dure : "elle n’en a jamais fait partie ! Et Sarkozy n’a pas apprécié qu’elle hésite et laisse entendre qu’elle attendait de connaître les programmes pour faire son choix." Et d’ajouter, taquin : "elle fait un tour de manège, en espérant attraper la queue du Mickey !"

• "Bonjour, moi c'est Hassen Hammou"

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Il ne nous en voudra pas de l’avoir mis à part, mais on a eu du mal à lui trouver une place. Le 6 novembre 2014, Hassen Hammou, un jeune homme de 24 ans issu des quartiers nord de Marseille, fut l'un des Français qui ont interrogé François Hollande lors d’une émission spéciale sur TF1. Désormais, il s’imagine l’affronter en 2017 en tant que candidat de la droite. "Je suis un peu des trois réunis : Sarkozy pour l'énergie et l'audace, Le Maire pour la constance et la concision, Juppé pour le sens de l'État et des responsabilités", expliquait-il en riant au Point, en juin dernier.