Manuel Valls est dans le noir. François Hollande ne lui a rien dit. Pourquoi ? Parce que selon son entourage, il n’a pas pris sa décision. Et c’est cette indécision qui hystérise la majorité, mais aussi les rédactions. Lundi, les alertes ont défilé : on est passé de la crise de régime au retour à la normale entre l’entrée et le dessert du déjeuner du couple exécutif.
Une indécision caractéristique. Cette indécision du président est une indécision coupable. Elle est la marque de son quinquennat. Affaire Cahuzac : Six mois de crise avant de trancher, affaire Léonarda : une semaine d’hésitation avant de se noyer, sur la déchéance de nationalité : 4 mois de va et vient avant de reculer, sur la loi Travail : des semaines de psychodrames, pour une demi-réforme… On attend d’un président qu’il tienne un cap et qu’il tranche. On attend d’un président qu’il n’apaise, et pas qu’il mette ses légions à bout de nerf à la veille d’affronter la mère des batailles. Cette indécision entretient le climat mortifère d’une primaire de la gauche, mise en place précisément pour barrer la route au président sortant.
Faire sauter la primaire ? Mais François Hollande peut encore échapper au piège de la primaire. Il peut y échapper si la primaire elle-même n'a pas lieu. C'est très simple et c'est le seul scénario. Avec la complicité du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis : "Camarades socialistes : le parti radical de gauche présente une candidate Sylvia Pinel, Europe Ecologie les Verts présente son candidat Yannick Jadot. On ne peut soumettre le président de la République à la primaire du seul parti socialiste. La primaire de la gauche n'aura pas lieu", pourrait arguer le responsable. Dans ces conditions, bon courage à Arnaud Montebourg et Benoît Hamon pour lever 500 parrainages et 10 millions d'euros pour la campagne.
Ce scénario d'une annulation va très bien à Manuel Valls, le Premier ministre. Sans primaire, la logique institutionnelle s'impose, donnant la priorité au président sortant. Toute idée de duel Président/Premier ministre s’efface alors. Et si c’était cet arrangement que François Hollande et Manuel Valls ont passé entre la poire et le fromage, hier, à l’Elysée ?