La Société générale a demandé au Front national de clôturer les comptes ouverts dans son établissement, ont indiqué mardi plusieurs responsables frontistes, confirmant une information de Mediapart et France Inter. Les responsables du FN crient au scandale politique. La Société générale, quant à elle, ne donne pas de raison à sa décision, invoquant le secret bancaire. De son côté, Marine Le Pen lance la contre-offensive ; elle doit donner mercredi, à 11h30, une conférence de presse.
Un appel au président de la République. La finaliste de la présidentielle dénoncera les banques, "véritables oligarchies financières", selon ses mots. Mais au-delà du cas du FN, elle veut aussi faire porter le débat sur le pouvoir des banques face aux formations politiques. Mardi soir, la députée du Pas-de-Calais en a même référé au président de la République alors qu'elle était justement reçue à l'Elysée dans le cadre des consultations sur le mode de scrutin pour les européennes de 2019. "Le président de la République, au-delà des divergences politiques très profondes qui sont les nôtres, reste le garant de la Constitution et donc le garant du fonctionnement de la démocratie dans notre pays", a-t-elle voulu rappeler devant les journalistes amassés dans la cour du palais présidentielle.
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L'indignation de la classe politique. "Or, on juge la démocratie à la manière dont les partis d'opposition sont traités", a encore pointé Marine Le Pen. "Je lui ai donc demandé [à Emmanuel Macron, ndlr] d'être ce garant face à un certain nombre d'agissements qui nous apparaissent comme étant susceptibles d'atteindre gravement le fonctionnement de la démocratie française". Et cette stratégie, qui consiste à pointer la menace qui pèserait sur les institutions, fonctionne : mardi, dans les couloirs de l'Assemblée nationale, l'ensemble des formations politiques condamnait la décision de la Société générale.
"Laisser les banques, qui réagissent par rapport à tel ou tel intérêt, devenir juge de ce qu'est démocratie dans ce pays et le financement des partis n'est pas acceptable, c'est certain", a pointé auprès d'Europe 1 le député France insoumise Eric Coquerel. "Chaque mouvement politique, à partir du moment où il est considéré comme démocratique par l'Etat, se doit de pouvoir obtenir une banque, c'est un principe de droit fondamental", a renchéri le Républicain Guillaume Peltier.
Et si le FN a pu trouver en urgence une nouvelle banque, dont le nom est pour le moment tenu secret, Marine Le Pen ne devrait pas manquer non plus lors de sa conférence de presse mercredi de dénoncer les conditions drastiques qui seraient imposées à son parti.
Que trouve-t-on dans les caisses des principaux partis politiques ?
Le financement public des partis découle de leurs résultats aux législatives. Ils ont le droit à 1,34 euros par voix, ainsi qu'à 37.000 euros par parlementaire et par an. Ainsi, la dotation du FN est actuellement de 4,5 millions d’euros par an contre 5 millions précédemment. Le parti est également endetté : il doit 9 millions d'euros à une banque russe et 6 millions à l’association Cotelec de Jean-Marie Le Pen. "Il n’y a pas de raison pour que ces dettes ne soient pas remboursées à l’heure", assure le trésorier du parti.
Bonne santé . À l’autre bout de l’échiquier politique la France insoumise est en bonne santé financière avec 3 millions d’euros de dotations annuels contre zéro avant 2017, puisque le mouvement n’existait pas… Le parti le plus riche est La République en marche! avec ses 308 députés, soit une manne publique de 22 millions d’euros chaque année.
Coupes sèches. L’avenir est moins rose pour Les Républicains. Les dotations sont passées de 18 à 13 millions, et le parti traîne toujours le boulet de sa dette de 55 millions d’euros. Mais la vraie déroute, c’est celle du Parti socialiste. Après les défaites de la présidentielle et des législatives, les dotations ont dégringolé brutalement de 25 à 7 millions d’euros. Le siège de Solférino est désormais en vente et un plan social pour 66 des 100 salariés du parti a été mis en place.