On savait que le changement de ton du gouvernement face aux grévistes des raffineries était risqué. D'autant que les réquisitions des salariés des dépôts Esso-ExxonMobil, voulues par Élisabeth Borne, ne changent rien à court terme à la pénurie de carburant dans nos stations-service. Qu'en pense-t-on alors à l'Élysée ? L'exécutif s'inquiète-t-il de la tournure des événements ?
L'inquiétude règne
À l'Élysée, on veut à tout prix éviter d'en arriver à l'image de l'ambulance qui ne peut pas partir en intervention faute de carburant, confie un conseiller à Europe 1. Et puis, il y a la manifestation de dimanche contre la vie chère, initiée par la Nupes, qui est dans toutes les têtes. Il ne faut pas oublier que le carburant était le point de départ des "gilets jaunes", rappelle un cadre de la macronie.
Pourtant, au-delà de l'affichage d'une très forte préoccupation, un conseiller ministériel concède une forme d'impuissance : "Ce n'est pas impossible que l'on soit toujours dans la même situation dans une semaine".
Il aura fallu moins de temps pour fermer tous les restaurants de France en mars 2020
À ce stade, ces réquisitions ne concernent que deux dépôts Esso-ExxonMobil et une dizaine de salariés pour la reprise d'un service minimum. Mais surtout, "il y a un risque que ces agents se mettent en arrêt maladie pour y échapper. Vous imaginez ? Il faudrait alors chercher des médecins qui délivrent ces arrêts", avance un proche d'un ministre. Nous ne sommes donc pas au bout de nos surprises.
Si la volonté politique est d'afficher une certaine fermeté, concrètement, il n'en est rien. La plus belle illustration étant les réquisitions des personnels annoncées mardi par Élisabeth Borne et signées seulement ce mercredi matin avec délai d'application, effectives jeudi. Il aura donc fallu moins de temps pour fermer tous les restaurants de France en mars 2020, au moment du Covid-19 que pour remettre au travail une dizaine de salariés.