Au procès Bygmalion en appel, Nicolas Sarkozy, condamné en première instance à un an d'emprisonnement ferme pour avoir dépassé le plafond légal de dépenses lors de sa campagne présidentielle perdue de 2012, a contesté "vigoureusement toute responsabilité pénale" vendredi. "Je conteste vigoureusement toute responsabilité pénale, parce que je conteste, et j'espère le démontrer, avoir jamais eu connaissance d'une fraude, avoir jamais demandé une fraude ou avoir même bénéficié d'une fraude", a déclaré l'ex-président de la République au début de son interrogatoire, devant la cour d'appel de Paris.
Déjà condamné en première instance
Rejugé depuis le 8 novembre aux côtés de neuf autres personnes qui ont fait appel, de façon partielle ou en totalité, de leur condamnation en septembre 2021, Nicolas Sarkozy n'était apparu jusqu'ici qu'au premier jour du procès. Fermant la marche des interrogatoires, l'ancien chef de l'État (2007-2012) doit être entendu toute la journée. Contrairement à ses coprévenus, Nicolas Sarkozy n'est pas mis en cause pour le système de fausses factures lui-même, imaginé pour masquer l'explosion des dépenses de sa campagne (près de 43 millions d'euros, alors que le plafond légal était de 22,5 millions). Mais il a été condamné en première instance à un an d'emprisonnement ferme pour avoir dépassé ce plafond légal.
Le tribunal correctionnel avait souligné dans son jugement que l'ancien locataire de l'Élysée avait "poursuivi l'organisation de meetings" électoraux, "demandant un meeting par jour", alors même qu'il "avait été averti par écrit" du risque de dépassement légal, puis du dépassement effectif.
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"Je veux la vérité"
Lors du premier procès, l'ex-président avait assuré que "l'argent n'(avait) pas été dans (sa) campagne" et avait accusé l'agence de communication Bygmalion - fondée par des proches de son rival Jean-François Copé - de s'être "goinfrée". Puis il avait qualifié d'"injuste" sa condamnation à la peine maximale alors prévue par la loi et promis de la contester "jusqu'au bout". Mais "si je n'ai rien demandé, si je n'étais pas au courant, où est le délit intentionnel?", s'interroge à la barre Nicolas Sarkozy, en costume sombre.
"Je veux la vérité", a-t-il poursuivi, pugnace face aux questions de la présidente, tout en reconnaissant n'avoir "pas convaincu jusqu'à présent". L'ex-chef de l'État a en revanche dit n'avoir "jamais fui" sa responsabilité politique et administrative, notamment en cherchant des fonds pour l'UMP après le rejet de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel, pour un dépassement alors estimé à seulement 446.000 euros. Devant la cour d'appel, ses coprévenus ont maintenu leurs positions, évoquant une campagne désorganisée, objet d'un "emballement". L'ex-directeur général de Bygmalion, Guy Alves, a estimé que l'ex-président en avait été le "seul bénéficiaire", un avis partagé par l'ancien directeur adjoint de la campagne Jérôme Lavrilleux, qui a dit jeudi que tout avait été fait "au profit du candidat".
D'autres ennuis judiciaires
Cette affaire s'ajoute à d'autres ennuis judiciaires pour Nicolas Sarkozy : il a été condamné en mai dernier dans l'affaire des écoutes, à trois ans d'emprisonnement dont un ferme, une décision contre laquelle il a formé un pourvoi en cassation. Dans ce volet, une récente décision du Conseil constitutionnel qui censure une règle procédurale pourrait lui bénéficier.
L'ex-chef de l'État comparaîtra en 2025 pour les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il a par ailleurs été mis en examen, début octobre, dans le volet de cette affaire lié à la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine.