Après un faux départ du procès Bygmalion en mars, Nicolas Sarkozy est de retour au tribunal. L'ancien président est jugé à partir de jeudi pour les dépenses excessives de sa campagne présidentielle de 2012. Il encourt un an d'emprisonnement et 3.750 euros d'amende, une peine bien plus légère que ses 13 coprévenus, anciens cadres de Bygmalion et de l'UMP, experts-comptables, renvoyés pour escroquerie ou complicité. "Selon l'accusation, Nicolas Sarkozy n'aurait pas organisé le système frauduleux mais en aurait été le bénéficiaire objectif", explique jeudi sur Europe 1 Fabrice Lhomme, journaliste au Monde et co-auteur avec son collègue Gérard Davet de Histoire secrète de la droite française.
"Une condamnation même symbolique serait embêtante pour lui"
Toujours selon l'accusation, Nicolas Sarkozy aurait cependant laissé filer les dépenses malgré plusieurs alertes claires sur les risques de dépassement de plafond et il a "incontestablement" bénéficié de la fraude qui lui a permis de disposer de "moyens bien supérieurs" à ce qu'autorisait la loi : au moins 42,8 millions au total, soit près du double du plafond légal à l'époque (22,5 millions d'euros). "Il a été établi par l'instruction que Nicolas Sarkozy a été informé qu'il y avait des dérives qui risquaient de produire des catastrophes. Cela n'implique pas qu'il ait eu connaissance du mécanisme frauduleux mais c'est difficile pour lui avec ces éléments de soutenir qu'il n'était pas au courant qu'il y avait des problèmes de financement de sa campagne", souligne Fabrice Lhomme.
Le journaliste poursuit : "En tant que candidat et signataire des comptes, il a une responsabilité morale et donc juridique. S'il y a eu des infractions commises dans le financement de la campagne, il doit en répondre devant la justice. Une condamnation même symbolique resterait embêtante pour lui après une première condamnation dans l'affaire des 'écoutes'."
Le rôle de Copé sera "au coeur du procès"
L'entourage de Nicolas Sarkozy accuse de son côté l'ancien patron de l'UMP Jean-François Copé d'avoir sciemment constitué un "trésor de guerre". "Ses proches le disent et lui ne fait pas mystère du fait qu'il pense la même chose. Le rôle de Jean-François Copé va être au cœur du procès", pointe Gérard Davet. Mais l'ancien patron de l'UMP a déjà bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire, et ne sera entendu que comme témoin.
Cette semaine, plusieurs médias ont rendu publique une demande de prêt de 55 millions d'euros faite au nom de l'UMP et signée par Jean-François Copé. "Tout le monde savait que le parti était fatigué financièrement. Est-ce pour autant une preuve que l'argent est allé sur les comptes de Jean-François Copé ? Non. Ses comptes ont été expertisés, ses frais de mariage analysés, sans qu'on y trouve trace d'argent noir", rappelle Gérard Davet. Le procès doit durer jusqu'au 22 juin.