Deux semaines de débats potentiellement inflammables se sont ouvertes lundi à l'Assemblée nationale. Les députés ont en effet entamé l'examen du projet de loi contre le "séparatisme", qui doit renforcer l'arsenal contre l'islamisme radical. Devant les élus, Gérald Darmanin a défendu un texte qui "ne combat par les religions (...) mais l'OPA islamiste", et vanté la laïcité comme "remède" pour soigner un pays "malade" du séparatisme islamiste. Pour le ministre de l'Intérieur, cette séquence politique est en tout cas cruciale, d'autant plus qu'il est mis sous pression par un Emmanuel Macron qui joue gros avec ce texte.
"Notre pays est malade d'un séparatisme dont le premier d'entre eux, le séparatisme islamiste, gangrène notre unité nationale", diagnostique @GDarmanin.
— LCP (@LCP) February 1, 2021
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Gérald Darmanin n'a donc pas le droit à l'erreur, tout d'abord car il défend un texte très sensible, touchant à l'intimité, à la liberté de culte et de conscience, mais aussi parce que le projet de loi tient beaucoup à cœur au chef de l'État.
Le président de la République a mis plus de trois ans pour se faire un avis précis sur le sujet, avant de prononcer son discours des Mureaux, le 2 octobre dernier, où il avait présenté sa stratégie pour lutter contre l'islam radical. Emmanuel Macron, à qui une partie de l'opposition reproche souvent la faiblesse de son bilan régalien, a donc mis son ministre de l'Intérieur venu de la droite sous pression pour montrer qu'il est offensif contre le communautarisme.
Les critiques de l'opposition
Par ailleurs, l'ex-LR est loin d'arriver en terrain conquis au Palais Bourbon. Car si le gouvernement vante un texte "d'équilibre", il doit faire face aux critiques venues de l'opposition. À droite, on déplore un texte insuffisant notamment sur la question migratoire, tandis qu'à gauche, la faiblesse du volet social et des mesures de lutte contre les discriminations est pointée du doigt, comme la volonté du gouvernement de "stigmatiser les musulmans".
Un des derniers gros dossiers du quinquennat
L'affichage politique est donc majeur. L'entourage de l'ancien maire de Tourcoing indique à Europe 1 qu'il veut se montrer intraitable dans la lutte contre l'islamisme dans la société et qu'il sera très présent pendant les débats.
De son côté, Emmanuel Macron sait que ce texte est un des derniers gros dossiers du quinquennat pour parler notamment à la droite et au Rassemblement national. Autre signe qui ne trompe pas : Gérald Darmanin débattra la semaine prochaine avec une Marine Le Pen très haute dans les sondages en vue de la prochaine élection présidentielle.