Que va faire François Hollande après l’Elysée ?

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Thibaud Le Meneec , modifié à
Dimanche, François Hollande quitte la présidence de la République. Un départ longuement réfléchi par le Corrézien, qui laisse planer le doute sur sa vie future.

"La politique, c’est ma vie." Comment s’imagine-t-il faire autre chose, quand toute sa carrière a été remplie par les mandats, les campagnes et le Parti socialiste ? Dimanche, François Hollande va remettre les clés de l’Elysée à Emmanuel Macron, son ancien ministre de l’Économie. Volontairement avare de précisions sur sa "vie d’après", le chef de l’Etat sortant a d’ores et déjà distillé quelques indices sur son nouveau quotidien.

Nouvel appartement à Paris. Finie, la domiciliation au 55, rue du Faubourg Saint-Honoré. François Hollande occupera un appartement privé à Paris, qui ne sera pas celui de la rue Cauchy, qu’il occupait avec Valérie Trierweiler avant d’accéder au pouvoir. "Je ne vous dirai pas où", a-t-il confié jeudi matin. En revanche, on connaît déjà l’adresse de ses nouveaux bureaux : au 242, rue de Rivoli, en plein cœur de la capitale. L’ancien président de la République disposera de sept conseillers à son service.

"La France s’engage" à son agenda. Qu’y fera-t-il ? Premier chantier : la fondation qu’il a créée en 2014, "La France s’engage", présidée par l’ancien secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy, Martin Hirsch jusqu’au passage de relais, en septembre. Objectif de cette structure : encourager les entreprises à investir pour des causes d’intérêt général, comme la lutte contre l’illettrisme. Pour autant, la direction de "La France s’engage" ne devrait pas lui prendre plus d’"une journée par mois", selon lui. Ce qui lui laissera le temps de se reposer en Corrèze, ce qu’il fera dès les portes du Château franchies. Le département reste son fief, là où il est revenu plusieurs dizaines de fois au cours du quinquennat, là où on reconnaît et aime cet homme si impopulaire aux yeux des Français. Plusieurs médias indiquent d’ailleurs qu’il cherche une maison près de Tulle, pour recevoir amis et famille.

" Pour l'instant, je n'ai pas de mandat à briguer mais il ne faut jamais dire jamais "

Prises de parole en public. Et après ? S’il a déjà explicitement refusé de siéger au Conseil constitutionnel, à l’instar de Nicolas Sarkozy, il pourrait en revanche prendre la parole publiquement : "Il peut y avoir des situations où il est légitime qu’un ancien président intervienne", annonçait-il récemment à Libération. Rien d’étonnant, pour un président friand de commentaires pendant son quinquennat. "Sans doute y aura-t-il des situations qui feront que je m'exprimerai, mais pas sous forme de conférences", a-t-il confirmé aux journalistes qui le suivaient jeudi à la Station F, à Paris. Manière de trancher une fois de plus avec son prédécesseur, amateur de conférences rémunérées dans le monde entier entre 2012 et 2014. Lui préférerait un livre sur ses années au pouvoir, sans redire ce qu’il a si souvent confié aux journalistes : "Écrire ? Oui, mais là-aussi, je ne vais pas me précipiter pour un travail d'écriture afin de raconter ce que vous savez déjà."

"Ne jamais dire jamais". Mais ce que François Hollande semble prévoir plus que tout autre activité, c’est son possible retour en politique. "Il est tétanisé par le vide, devine Aquilino Morelle dans Libération, un de ses anciens conseillers. Quand on a tout construit sur la politique, c’est difficile de substituer le cœur de sa vie pour devenir écrivain, conférencier ou grand-père poule." François Hollande ne devrait pas briguer un mandat électif d’ici peu, mais le virus de la politique n’est pas prêt de le quitter : "Giscard, lui, avait refait une vie politique avec un âge qui lui permettait de le faire. Pour l'instant, je n'ai pas de mandat à briguer mais il ne faut jamais dire jamais", prévient-il, prudent, comme pour éviter d’être critiqué comme Nicolas Sarkozy l’avait été quand il avait décidé de revenir à l’UMP, deux ans après sa défaite à l’élection présidentielle. Le Parti socialiste pourrait-il surtout attendre le retour de son ancien premier secrétaire, de 1997 à 2008 ? "Le PS a une histoire. Son avenir dépend de lui-même. C'est aux socialistes d'avoir des idées", élude-t-il à l’heure où Solférino se déchire entre plusieurs chapelles avant la bataille des législatives.

" Dans la politique, j’ai dû exercer tous les mandats possibles. Sauf sénateur… "

"On a une vie après" avoir été président. A l’entendre, une routine plus ordinaire lui manquerait presque : "c’est très agréable la vie normale, s’amusait-il il y a quelques jours dans Libération. J’ai essayé de la prolonger à l’Elysée mais je n’y suis pas arrivé." Bientôt retraité de la vie politique, le président sortant se fait philosophe et ironique : "vous savez que je n’ai pas été président très longtemps dans ma vie. On a une vie avant d’être président, on a une vie après. Dans la politique, j’ai dû exercer tous les mandats possibles. Sauf sénateur… quand je dis ça n’interprétez pas, hein !"