Nadine Morano va-t-elle être sanctionnée ? Ses propos samedi soir sur France 2 - "la France, un pays à majorité de race blanche" – lui valent d'être mise à l'écart par la majeure partie de son camp. Une pétition lancée sur le site Change.org demande même qu'elle soit retirée de la course aux régionales dans le Grand Est, et suspendue des Républicains. Elle recueillait plus de 49.000 signatures mardi vers 17h30. Mais les dirigeants du parti refusent pour l'heure d'évoquer une sanction.
Des propos "exécrables". Nathalie Kosciusko-Morizet a été la première à dégainer. La numéro 2 du parti a clairement laissé entendre qu'elle souhaitait une sanction contre l'eurodéputée, pour des propos qu'elle a qualifiés "d'exécrables", mardi sur Europe 1. "Si la question (d'une sanction) était posée et qu'il y avait un vote au bureau politique, je la voterais", a affirmé la vice-présidente déléguée des Républicains. A la question de savoir si elle souhaitait que cette question soit posée, elle a répondu: "Je pense qu'elle peut difficilement ne pas l'être".
Une "faute qui n'engage qu'elle-même". L'élue parisienne est toutefois, pour l'instant, plutôt isolée. Le député de Seine-et-Marne, Franck Riester, s'est demandé dans un tweet "comment peut-elle rester candidate" si elle ne s'excuse pas ? Mais les autres cadres de la formation de Nicolas Sarkozy refusent, pour l'heure, d'envisager une quelconque sanction.
Si @nadine__morano ne revient pas sur ses propos en s'excusant, comment peut-elle rester candidate #LR aux #Regionales2015
— Franck Riester (@franckriester) 29 Septembre 2015
Il n'est "pour l'instant question d'aucune sanction" contre Nadine Morano, a ainsi indiqué mardi Sébastien Huyghe, porte-parole du parti. "Les Républicains réaffirment fortement que les propos de Nadine Morano n'engagent qu'elle. Clairement c'est une faute, c'est une faute qui n'engage qu'elle-même", a-t-il martelé.
"On n'est pas là pour sanctionner". Certains ténors du parti, tel Bruno Le Maire, convaincu que "la France n'est pas une race", ou Alain Juppé, pour qui "la notion de race ne paraît pas quelque chose d'acceptable", ont vivement condamné la sortie de l'ancienne ministre. Sans pour autant réclamer de sanction. "On n'est pas là pour sanctionner, distribuer des bons points et des mauvais points", s'est expliqué Bruno Le Maire. Alain Juppé a également refusé d'être "le grand excommunicateur".
Un signe d'amitié ce matin à nos compatriotes d'Outre-Mer qui ne sont pas tous de "race" blanche" mais qui sont tous Français à part entière
— Alain Juppé (@alainjuppe) 29 Septembre 2015
Sarkozy mal à l'aise. Et qu'en pense Nicolas Sarkozy lui-même ? Si le président des Républicains n'envisage pas à ce stade de sanction, il estime que la question de son investiture à la tête de la liste UDI/Les Républicains de Meurthe-et-Moselle pour les régionales est bel et bien posée. "La question n'est pas tant celle d'une sanction. En revanche, si ses propos ont des conséquences extrêmement gênantes au niveau local, il faudra y réfléchir lors de la prochaine réunion de la CNI (Commission nationale d'investiture)", dit-on dans l'entourage de l'ex-chef de l'Etat, laissant entendre que le sort de l'imprévisible élue pourrait être tranché par ses colistiers.
Or pour l'heure, les colistiers LR de Nadine Morano préfèrent s'en remettre à une décision nationale que de prendre position. Mais le maire de Nancy Laurent Hénart, porte-parole de l'UDI pour le Grand Est, a déjà déclaré mardi sur BFM TV que soit Nadine Morano retirait ses propos, soit elle n'était pas chef de file départementale au nom de l'UDI. "On ne peut pas faire campagne sur deux lignes aussi opposées sur un sujet aussi important", a-t-il déclaré.