Après les annonces, les précisions devant les Français. Lors d'une conférence de presse ce jeudi à 18h30, le Premier ministre Jean Castex et plusieurs ministres ont précisé les contours du reconfinement annoncé la veille par le président de la République, lors de son allocution télévisée. Ce nouveau tour de vis doit permettre de combattre la seconde vague de coronavirus qui déferle sur le territoire. "Puisque le virus accélère, nous devons accélérer également", a rappelé le Premier ministre. Ces mesures s'appliquent à l'ensemble du territoire métropolitain ainsi qu'à la Martinique dès jeudi soir à minuit.
Le retour de l'attestation, avec des changements par rapport au printemps
Comme au printemps, une attestation sera nécessaire pour sortir de son domicile mais "que pour certaines raisons", indique le Premier ministre qui énumère les mêmes motifs que le président mercredi soir (travail, rendez-vous médical, etc.). Cette attestation sera disponible sur le site du gouvernement et sur l'application TousAntiCovid. Les déplacements pour faire de l'exercice ou promener son animal seront possibles pour "une heure maximum" et dans "un rayon d'un kilomètre du domicile". Les salles de sport et les gymnases seront fermés et les sports collectifs de plein air interdits.
Des autorisations supplémentaires sont prévues par rapport au confinement de mars "pour accompagner un enfant à l'école ou aller le chercher pour se rendre dans un service public ou chez un opérateur assurant une mission de service public", a-t-il ajouté. Par ailleurs, des attestations permanentes pourront être délivrées par les employeurs et les établissements scolaires. "Tous les services de transport en commun resteront ouverts et leur niveau de service maintenu".
Il ne sera pas possible "de voyager au sein du territoire national, y compris d'une résidence principale vers une résidence secondaire", a ajouté le Premier ministre, en précisant qu'"une amende forfaitaire de 135 euros sera appliquée en cas de non respect du confinement".
Les rassemblements interdits, mariages et enterrements limités
Tous les rassemblements sont interdits, néanmoins les lieux de culte restent ouverts. Les cérémonies y sont interdites, sauf pour les enterrements, dans la limite de 30 personnes, et les mariages dans la limite de 6 personnes. Lors du confinement du printemps dernier, la limite pour les funérailles était de 20 personnes. Quant aux mariages, ils étaient prohibés. "Une tolérance sera appliquée pour les cérémonies prévues ce week-end de la Toussaint, ainsi que pour les déplacements dans les cimetières et les commerces de fleurs", a précisé le chef du gouvernement.
Les commerces essentiels ouverts, de nouvelles dérogations
Sur le modèle du premier confinement, les commerces essentiels restent ouverts. "Tous les commerces de gros, les magasins et les jardineries aussi, afin que les professionnels puissent continuer de s'approvisionner" a précisé le Premier ministre. De leurs côtés, "les parcs, jardins, forêts, et plages" pourront recevoir du public.
"En revanche, les établissements qui proposent des activités extrascolaires, sportives ou artistiques, comme les conservatoires ou les clubs de sport, sont fermés. Les hôtels peuvent garder une petite activité pour déplacements professionnels indispensables, mais les restaurants dans ces hôtels seront fermés, seul le room-service pouvant fonctionner."
"Les commerces fermés, de même que les restaurants, ne pourront pas accueillir du public, mais pourront continuer de fonctionner pour les activités de livraison et de retrait de commande", a indiqué le Premier ministre.
Du côté de la culture, les entreprises de l'événementiel, du cinéma et du spectacle vivant seront fermées.
Un protocole sanitaire renforcé à l'école
Le nouveau protocole sanitaire renforcé qui va être mis en place dans les établissements scolaires "permettra l'accueil de tous les élèves, à l'école, au collège et au lycée", a assuré jeudi le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer. Ce nouveau protocole prévoit notamment le port du masque à partir du CP, une limitation du brassage des élèves avec des arrivées et départs étalés dans le temps, des "déplacements limités au maximum" et des récréations "par groupes", a ajouté le ministre qui n'a en revanche pas évoqué l'accueil de demi-groupes d'élèves uniquement, réclamé par plusieurs syndicats Par ailleurs, la cantine est maintenue.
"L'aération et la ventilation des classes seront également renforcées, comme la désinfection des locaux et le nettoyage des salles et des tables sera effectué tous les jours, précise le ministre Blanquer. Celui des surfaces les plus fréquemment touchées, comme les poignées de porte sera réalisé plusieurs fois par jour."
Dans l'enseignement supérieur, la règle sera désormais le "distanciel" pour tous les cours, à l'exception des travaux pratiques et de "l'enseignement professionnel nécessitant du matériel spécialisé".
"Le télétravail n'est pas une option"
De son côté la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a rappelé que "n'est pas une option" mais "une obligation" pour les travailleurs, salariés ou indépendants qui peuvent exercer leur activité à distance. Un travailleur qui le peut doit télétravailler cinq jours sur cinq. Pour les métiers qui ne peuvent effectuer à distance : "il sera nécessaire de disposer d'une attestation de l'employeur", déclare Elisabeth Borne. Le détail du nouveau protocole en entreprise sera mis en ligne dès ce jeudi soir sur le site du ministère du Travail.
De nouvelles mesures économiques pour les entreprises
Le fonds de solidarité pour les entreprises va être réactivé et élargi aux entreprises comptant jusqu'à 50 salariés, afin de compenser les fermetures liées aux mesures de reconfinement, a annoncé jeudi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Toutes les entreprises et tous les commerces qui seront fermés par décision administrative pourront recevoir une indemnisation allant jusqu'à 10.000 euros. Cela concernera les entreprises non plus jusqu'à 10, mais jusqu'à 50 salariés." Le chômage partiel est également étendu.
Sous conditions, une partie du loyer des entreprises seront pris en charge. Un crédit d'impôt va également être mis en place pour les propriétaires qui renonce à des loyers. Le ministre a également estimé que ce nouveau reconfinement va coûter un total de 15 milliards d'euros par mois pour les aides aux entreprises (6 milliards pour le fonds de solidarité, 7 milliards pour l'activité partielle, 1 milliard pour les exonérations de cotisations sociales et 1 milliard pour prendre en charge une partie des loyers des entreprises).
Les entreprises qui ne seront pas en mesure de rembourser leurs prêts au 1er mars 2021 pourront obtenir un nouveau différé de remboursement d'un an supplémentaire, "soit en tout deux années de différé, avant de commencer le remboursement du prêt".