Il va devoir convaincre jusque dans les rangs de la droite. Pour faire passer sa réforme constitutionnelle, François Hollande a besoin d'une majorité des 3/5 des suffrages exprimés des 925 parlementaires réunis en Congrès* (l'Assemblée et le Sénat réunis). Le maintien de l'extension de la déchéance de nationalité dans sa révision constitutionnelle satisfait une bonne partie de la droite mais cela risque de ne pas être suffisant pour convaincre les centristes et Les Républicains, en particulier à l’Assemblée. Et à gauche, la mesure fait tousser de nombreux parlementaires.
A l'Assemblée, la droite attend de voir. Pour l'instant, les députés de l’opposition sont en mode "on attend de voir". Ils ne ferment pas la porte mais elle n'est pas complètement ouverte non plus : "Après les zigzags, on n'a pas envie d'offrir un Congrès au président", expliquent des élus. En clair, la droite l'accusait de trahison quand elle pensait qu'il renonçait, elle considère désormais que la déchéance de nationalité est une condition nécessaire mais pas suffisante. Ce qu'ils voudraient, c'est que la gauche adopte d'autres mesures de droite.
Hollande risque de perdre sa majorité. Du côté du Parti socialiste, on est catégorique : "Si la droite ne vote pas, elle commet un suicide politique", affirme un élu. En tendant une main à droite, François Hollande prend cependant un risque avec sa majorité : "Cela ne va pas être simple", reconnaît un cadre PS. "Il va falloir aller chercher les voix". Difficile donc à ce stade de mesurer l'ampleur de la fronde : "Une quinzaine d'excités", veut croire un socialiste. Mais déjà certains non frondeurs partent en vacances choqués et voteront non.
Le chef de l'Etat devrait avoir beaucoup moins de mal avec le Sénat, où droite et socialistes sont dans de meilleures dispositions. "Pas de souci", assure le groupe PS... quand le patron de l'opposition, Bruno Retailleau, confie que pour la droite, la déchéance de nationalité est "un signal important".