La réforme des retraites est la réforme phare du quinquennat d'Emmanuel Macron. Si on ne sait toujours pas à quel âge les Français pourront partir à la retraite, 63, 64 ou 65 ans, on sait que le gouvernement commencera par afficher le niveau le plus élevé : 65 ans contre 62 ans aujourd’hui. Le sujet sera bientôt abordé par Élisabeth Borne qui présentera aux syndicats et au patronat son projet à la mi-décembre. Mais la Première ministre dégainera-t-elle un huitième 49.3 à l'Assemblée nationale pour faire adopter des points de sa réforme ? Selon Éric Woerth, questeur de l'Assemblée nationale, invité d'Europe Matin jeudi, "il n'y aura pas besoin de 49.3".
Le recours au 49.3 est-il un aveu de faiblesse du gouvernement ? Non, répond Éric Woerth qui estime que c'est "un aveu de réalisme par rapport à une situation où vous êtes en majorité relative". "On a des groupes politiques qui annoncent, sans regarder le contenu d'un texte, qui ne voteront pas pour... On parle du budget de l'Etat, du budget de la Sécurité sociale, du financement des services publics, du financement de l'assurance maladie, il est naturel que le gouvernement le fasse", a-t-il tranché au micro d'Europe 1.
"On a supprimé, il y a 12 ans, les 60 ans avec Nicolas Sarkozy, c'était un totem bien plus important ! Il y a eu des millions de gens dans la rue et en même temps ça n'a plus été contesté", a-t-il argumenté.
Le mauvais moment ?
Dans un contexte d’inflation, de guerre, de risque de coupures de courant, est-ce réellement le bon moment pour faire passer une réforme autant impopulaire auprès des Français ? "Ce qui serait explosif, ce serait d'être irresponsable avec le système de retraite. Il faut regarder les choses avec lucidité, il y a de moins en moins d'actifs, de plus en plus de pensionnés, il faut réadapter notre système de retraite pour garantir cette chaîne de responsabilité", a avancé Éric Woerth, député Renaissance de l'Oise au micro d'Europe 1.
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Le risque d'une explosion sociale n'effraie pas le questeur de l'Assemblée nationale qui estime que "le pays est beaucoup moins fracturé qu'on ne le croit". "On partage ensemble beaucoup plus d'objectifs qu'on ne le croit, la protection de la planète, la lutte contre le réchauffement climatique... Il y a dix ans vous n'aviez aucun grand objectif en commun, aucun, aucun qui nécessite des contraintes, qui nécessite des mesures, qui nécessite des transformations, des changements de vision", a assuré l'ancien ministre. "Je ne sais pas pourquoi tout le monde voit tout en noir."