Après le Ségur de la Santé, la réforme des retraites. À peine entré en fonction, le nouveau Premier ministre Jean Castexcompte bien remettre sur la table ce dossier explosif, qui a paralysé le pays pendant plusieurs mois avant que le confinement ne mette fin aux grèves. Dès jeudi, Jean Castex va recevoir les organisations syndicales et patronales pour trouver "une méthode et un calendrier". Des rencontres qui s'annoncent tendues, puisque dès dimanche dans le JDD le nouveau locataire de Matignon prévenait ne pas croire "au consensus mou", tout en ayant le "souci de rassembler".
"Refuser de parler des retraites serait irresponsable"
Un cap digne d'un funambule, mais le Premier ministre estime que "refuser de parler des retraites lorsque l'équilibre des comptes, et donc la sauvegarde du système actuel se trouve compromise, serait irresponsable". Une déclaration prononcée mercredi devant le Sénat alors que le déficit du système de retraites devrait atteindre en 2020 les 30 milliards d'euros, contre quatre avant la crise, d'après une estimation provisoire du Conseil d'orientation des retraites (COR).
Une "provocation", selon le président de la CFE-CGC
Malgré tout, le président confédéral de la CFE-CGC (Confédération française de l'encadrement, Confédération générale des cadres), François Hommeril, est loin de partager l'avis de l'ex "monsieur déconfinement" du gouvernement d'Édouard Philippe. "Je ne veux plus qu'on me parle de ce système unique à points soi-disant universel qui est mauvais", martèle-t-il au micro d'Europe 1 ce jeudi. "Qu'est-ce qu'on va faire cet été pour régler un conflit qui a duré pendant presque six mois et qui s'est nourri du malentendu d'une soi-disante concertation qui a duré deux ans auparavant ?"
Tandis que la France métropolitaine sort à peine de la plus grave crise sanitaire de son histoire, François Hommeril considère que remettre ce sujet sur la table "n'est ni hors sujet, ni un contresens", mais bel et bien une "provocation". Pour le président de la CFE-CGC, "les enjeux qui sont devant nous sont le chômage de masse et la reprise économique". Et il n'est pas le seul à le penser : dimanche, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a estimé qu'il était nécessaire d'"appuyer sur pause" sur le sujet de la réforme des retraites, alors que la sauvegarde de l'emploi et de la compétitivité des entreprises est la priorité en temps de coronavirus".
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Un Premier ministre "super négociateur"
De son côté, le secrétaire général du syndicat Force ouvrière Yves Veyrier s'est dit "en colère" vendredi sur Europe 1, et estime que "ce n'est vraiment pas le moment de remettre ce dossier sur la table". "On risque de renforcer la tension sur un conflit social. On n'en a pas besoin."
Face à une levée de bouclier pour des raisons idéologiques ou de calendrier, Jean Castex, qui se décrit lui-même comme un "homme de dialogue et d'écoute", compte bien maintenir le cap dicté par Emmanuel Macron. Reste à savoir si ses talents de "super négociateur" seront suffisants dans ce dossier, dont la simple évocation attise les tensions.