C'est l'épreuve du feu du second quinquennat d'Emmanuel Macron. Ce lundi, la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale en Conseil des ministres. Un projet qui promet de devenir explosif à l'Assemblée nationale si la réforme des retraites y est intégrée. L'exécutif ne s'est toujours pas prononcé, et continue d'entretenir le flou sur ses intentions... Ira, ira pas ? "Avec le président de la République, on décidera d'ici la fin de la semaine", temporise Élisabeth Borne. Il faut dire que la majorité présidentielle est fracturée sur la question.
"Nous cherchons la meilleure voie"
D'un côté, Edouard Philippe, à la tête d'Horizons, pousse l'exécutif à aller vite, peu importe la méthode. De l'autre, François Bayrou, le patron du MoDem, tente de calmer les ardeurs présidentielles. "On n'est pas aux pièces", répète-t-il. Décision difficile pour Elisabeth Borne, qui est censée arbitrer si cette réforme doit se concrétiser ou non au travers d'un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. "Nous cherchons la meilleure voie", avance-t-elle pour justifier ce qui s'apparente à de la tergiversation. La première ministre explique qu'elle est pour la recherche du compromis et en même temps n'exclut pas le recours à l'article 49.3.
"Tout est sur la table", nous répète-t-on ici dans la cour de l'Élysée et, signe de cette longue hésitation, Emmanuel Macron va convier Elisabeth Borne, les ministres concernés et les différents chefs de la majorité à dîner au Palais mercredi soir, à la veille d'une journée de mobilisation et de manifestation des syndicats prévue jeudi dans tout le pays. Et c'est peut-être là l'explication du suspense qui règne autour de cette réforme. Manière de voir si l'orage social sera de faible intensité ou particulièrement fort. Même si, dans l'entourage du chef de l'État, on assure que cette donnée n'entre absolument pas dans l'équation.