Les conditions pour relancer la réforme des retraites - pandémie sous contrôle et reprise économique solide - ne sont "à ce jour toujours pas réunies", a déclaré le Premier ministre Jean Castex mercredi à l'issue d'un séminaire gouvernemental de rentrée. "Tous régimes confondus, le déficit attendu devrait atteindre cette année, selon le COR (Conseil d'orientation des retraites, ndlr), huit milliards d'euros et très vraisemblablement 11 milliards à l'horizon 2030", a néanmoins mis en garde le chef du gouvernement en présentant ses priorités pour les 200 jours restants du quinquennat d'Emmanuel Macron.
Le calendrier, "une question de bon sens"
Même si cette réforme "est une nécessité absolue" pour rétablir l'équilibre du système, "nous avons l'impérieux devoir de favoriser au maximum l'unité du pays", a-t-il ajouté, en allusion à l'opposition des syndicats et aux réticences sur cette réforme jusque dans les rangs de la majorité, à quelques mois de la présidentielle 2022. "Le processus (…) ne pourra reprendre que lorsque la pandémie sera sous contrôle et que la reprise économique sera suffisamment solide, c'est une question de bon sens, c'est un préalable à la réussite de cette réforme très importante", a-t-il insisté.
L'hypothèse d'une relance de la réforme des retraites avant la fin du quinquennat, qui divise la majorité, a resurgi lundi au grand dam des syndicats. Selon Les Échos, Emmanuel Macron aurait l'intention de "supprimer les régimes spéciaux de retraite et instaurer le minimum de pension à 1.000 euros" avant la fin de son mandat.
Selon les informations d'Europe 1, la réforme ne convainc pas l'exécutif. Le président de la République hésiterait et le sujet embarrasse tout le monde, ou presque, dans le camp du chef de l'État. Des cadres de la Macronie, comme Christophe Castaner, ont fait savoir que ce n'était pas le moment et que, de toute façon, le calendrier législatif était contraint d'ici à la fin du mandat. Une influence qui semble avoir eu un certain écho au Palais, d'où cette mise au point du Premier ministre après 48h de valses d'hésitations.
Le "non" des syndicats
Hautement inflammable, la réforme des retraites, qui avait donné lieu à une forte mobilisation fin 2019 et un long conflit social, avait été stoppée net par le Covid-19 en mars 2020. Depuis, les rumeurs sur d'éventuelles mesures avant la présidentielle de 2022 resurgissent régulièrement, alimentées par le chef de l'État lui-même.
Il avait laissé planer le doute en juillet sur le lancement de la réforme avant la présidentielle de 2022 en indiquant qu'elle serait "engagée dès que les conditions sanitaires seraient réunies" et en demandant au gouvernement de "travailler avec les partenaires sociaux sur ce sujet à la rentrée". Les syndicats, qui ont été reçus la semaine dernière à Matignon, ont tous dit non à une nouvelle concertation sur les retraites avant la présidentielle.