Alors que le texte sur la réforme des retraites arrivera au Sénat le 2 mars prochain, et qu'une grande journée de mobilisation contre le recul de l'âge à la retraite à 64 ans est d'ores et déjà prévue le 7 mars, l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy Henri Guaino était l'invité du Grand Rendez-vous d'Europe 1/ Cnews/ Les Échos ce dimanche. Opposé à cette réforme, considérant qu'il s'agit d'une "folie politique", l'ancien député des Yvelines a appelé à "[supprimer] l'âge de départ à la retraite".
"Ne traitons plus ce problème que par la durée de cotisation"
Pour Henri Guaino, reculer l'âge de départ à la retraite "est une folie politique car la crise sociale [qui en découle, NDLR] a déjà, et aura encore plus de conséquences politiques, même s'il y a aussi d'autres causes", comme la crise sanitaire, l'inflation et la guerre en Ukraine. L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy aurait d'ailleurs conseillé à Emmanuel Macron "de ne pas la faire. Est-ce qu'il est pertinent de reculer l'âge de départ à la retraite ? On nous dit qu'on vit plus longtemps, mais ça n'a rien à voir", insiste-t-il au micro du Grand Rendez-vous.
Selon Henri Guaino, supprimer l'âge de départ à la retraite permettait de "[clarifier] les choses. Ne traitons plus ce problème que par la durée de cotisation : ce sera plus juste et plus clair. Arrêtons avec ce double curseur qui n'a aucun sens, qui nous fait gagner de l'argent au système de retraite que s'il y a une distorsion entre la durée de cotisation et l'âge. Parce que si ça coïncide, ça ne change rien du tout", a-t-il souligné.
"On se moque du monde"
Alors que le gouvernement justifie sa réforme par le risque d'un système très déficitaire, qui pourrait atteindre 43 milliards d'euros de dette en 2050, pour Henri Gaino, "on se moque du monde, il n'y a rien dans le rapport d'orientation du Conseil d'orientation des retraites qui peut étayer l'idée d'une faillite du système des retraites dans quelques années : ce n'est pas vrai."
Au micro du Grand Rendez-vous, l'ancien député insiste sur "un chiffre qu'il faut retenir : c'est la part des dépenses de retraite dans le revenu national annuel qui est appelé à baisser dans des proportions importantes. Il n'y a pas macro-économiquement de problème. Le problème qui se pose est celui de la façon dont on finance le système de retraites. Il n'y a pas de raison non plus que ça ne porte aujourd'hui que sur le travail : c'est aussi une vraie question à débattre avec les partenaires sociaux et les Français", a-t-il conclu.
Henri Guaino s'est également déclaré "solidaire" du mouvement de blocage prévu par l'intersyndicale le 7 mars prochain.