Il n'en aura pas fallu longtemps avant que les réactions fusent. En dévoilant le contenu de l'épineuse réforme des retraites, la Première ministre Élisabeth Borne a déclenché une colère sociale et politique. La série de mesures ne passe pas pour la plupart des oppositions au gouvernement, notamment du côté de La France insoumise. "Une grande bataille sociale s'annonce", a estimé Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, mercredi sur Europe 1.
"Une réforme d'une grande brutalité"
Invité d'Europe Matin mercredi, Manuel Bompard a dénoncé la volonté du gouvernement de mettre en place "une réforme d'une grande brutalité". "Pour un cariste qui a commencé à travailler à 18 ans, c'est deux années de plus au travail. Pour une aide-soignante qui a commencé à travailler à 20 ans et qui va avoir peut-être une carrière discontinue, c'est deux années de plus au travail", a-t-il énuméré avant d'ajouter. "Il y a 25% des plus pauvres qui meurent aujourd'hui avant 62 ans, plus de 30% avant 64 ans ! Donc ce sont des gens supplémentaires qui ne vont pas pouvoir profiter de la vie à la retraite."
Une première mobilisation le 19 janvier
Les forces de gauche seront aux côtés des syndicats pour une première journée de mobilisation le 19 janvier. "Il y a une nécessité de se mobiliser puisque le gouvernement tente, en plus, de museler le débat parlementaire", s'es exclamé Manuel Bompard sur Europe 1. Les futures manifestations feront-elles tanguer l'exécutif ? Rien n'est sûr puisque le gouvernement avait connaissance depuis des mois que cette réforme entraînerait des "mobilisations importantes" comme l'affirmait Marc Ferracci, vice-président du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale, au micro d'Europe 1 mardi. "Il n'y a pas une seule des réformes des retraites qui n'ait pas donné lieu à des mobilisations importantes", avait-il déclaré.
Si le couple exécutif semble décidé à aller au bout de cette réforme, le coordinateur de La France insoumise l'assure, "Emmanuel Macron n'a aucune légitimité à mettre en place cette réforme". "Tout d'abord parce que 80% y sont opposés ! Quand on a été élu, on n'a pas une carte blanche pour toujours, on écoute aussi ce que pensent les Français", a-t-il avancé.
"Il devrait renoncer à ce report" de l'âge de départ
"Je ne suis pas en train de faire un procès en illégitimité du président de la République. Il a gagné les élections présidentielles et il est élu. Mais on a le droit de contester le fait que le mandat qui est le sien ne comprend pas le fait de reporter l'âge de départ à la retraite de deux ans supplémentaires, parce que les gens qui ont voté pour lui, y compris au deuxième tour, pour battre Marine Le Pen, ne l'ont pas fait avec l'idée que ça valait adhésion à la volonté de reporter l'âge de départ à la retraite", a affirmé le député LFI de la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône.
"Et d'ailleurs, entre les deux tours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron disait 'Je sais que les gens qui ont voté pour moi ne partagent pas tous mes idées et je devrais en tenir compte', donc il devrait en tenir compte et renoncer à ce report", a-t-il conclu sur Europe 1.