Rien n'est encore joué en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Dans cette région particulièrement ciblée par le Front national - dont Marion Maréchal - Le Pen défend les couleurs -, l'incertitude est grande, comme en témoigne notre sondage exclusif Ifop pour Europe 1, I-Télé et La Provence, dévoilé mercredi matin. La nièce de Marine Le Pen arrive certes en tête au premier tour, mais elle est égalité avec Christian Estrosi au second.
>> Mercredi soir, suivez en direct sur Europe 1 dès 18h30 le premier débat des régionales à Marseille, avec les quatre principaux candidats : Sophie Camard ("Région coopérative", liste d'union d'EELV et du Front de gauche), Christophe Castaner (PS), Christian Estrosi (LR) et Marion Maréchal Le Pen (FN).
Estrosi patine, mais recolle. Avec 34% des suffrages exprimés, la jeune députée du Vaucluse obtiendrait plus de dix points de plus que Jean-Marie Le Pen dans cette même région, en 2010. Un signe que la dynamique semble dans le camp de Marion Maréchal - Le Pen, comme l'inquiétude des élus locaux LR tend à le prouver. Figure de stature nationale, Christian Estrosi peine en effet à imprimer sa marque dans la campagne, ce qui ne l'empêche pas de talonner la petite dernière du clan Le Pen au premier tour (32%) et même de faire jeu égal avec elle au second (36%). Et il peut compter sur le soutien de Nicolas Sarkozy, qui tiendra un meeting avec lui mi-novembre.
"C'est un match à deux, comme dans le Nord". Contacté par Europe 1, Frédéric Dabi, directeur du Département d'Opinion de l'Ifop, résume ce sondage par deux mots : probabilité et incertitude. "Sauf miracle, la gauche va perdre cette région. Par rapport à 2010, le total des voix du bloc de gauche est en baisse de 11% !" Voilà pour la probabilité. En revanche, à écouter le sondeur, bien malin celui qui peut pronostiquer le nom du vainqueur : "c'est un match à deux, comme dans le Nord. Estrosi et Le Pen ne sont séparés que de deux points au premier tour, c'est-à-dire qu'on est dans la marge d'erreur inhérente à chaque sondage, et sont à égalité au second."
"Le monde du travail vote désormais pour le FN". Frédéric Dabi, spécialiste de l'opinion, a également relevé deux éléments intéressants. D'abord, Christian Estrosi "tient le choc et il est très fort chez les personnes âgés qui, traditionnellement, sont celles qui votent le plus." Quant à Marion Maréchal - Le Pen, elle est largement devant le maire de Nice chez les ouvriers et les employés : "le monde du travail, qui avait voté Sarkozy en 2007 et s'en était quelque peu détourné en 2012, vote désormais pour le FN", traduit Frédéric Dabi.
Et la gauche ? Face à un scrutin aussi serré, l'attitude de Christophe Castaner, tête de liste du PS, sera scrutée de près. Le député des Alpes-de-Haute-Provence, inconnu au bataillon, a du mal à faire entendre sa voix face aux deux mastodontes médiatiques. Une insuffisance de notoriété qui se traduit dans les intentions de vote : 18% au premier tour et 28% au second tour.
"Les électeurs de gauche ont la clé du scrutin". Mais en Paca, "on n'est pas encore entrés dans la campagne", tente de se rassurer Christophe Castaner, qui débattra pour la première fois avec ses rivaux, mercredi à 18h30 sur Europe 1. Et il l'a déjà assuré : pas question pour lui de se désister en faveur de Christian Estrosi pour faire barrage au FN. Frédéric Dabi l'assure : "les électeurs de gauche ont la clé du scrutin. Vont-ils voter PS ? S'abstenir ? Ou alors, comme lors des départementales, vont-ils voter utile pour faire barrage au FN ? De la réponse à ces questions dépend une bonne partie l'issue du scrutin." Réponse le 13 décembre prochain.