Les 308 députés de la République en marche! ont eu leur week-end d'intégration. L'occasion de se rencontrer mais aussi de découvrir les coulisses d'une organisation très bien structurée. Ces deux jours ont ressemblé à un séminaire d'entreprise : les cadres du mouvement ont "sondé" les nouveaux députés, comme des nouvelles recrues, à huis clos dans des ateliers et des groupes de parole, à la recherche des hauts potentiels, des "pépites" disent-ils, susceptibles de briguer des postes clés à l'Assemblée nationale.
Ils observent aussi leur discipline. Lors de l'élection de Richard Ferrand à la tête du groupe, par exemple, deux d'entre eux se sont abstenus, ils ont dû se lever et justifier leur position face au groupe.
"Certains se voient déjà ministre". Pour les responsables du mouvement, c'est la certitude d'un professionnalisme, la garantie de pouvoir réformer rapidement et efficacement. Beaucoup ont joué le jeu, mais la vieille garde, les députés sortants, pensent que ces méthodes ne peuvent pas s'appliquer au groupe parlementaire. Patrick Vignel, ancien du PS et député dans l’Hérault, s'alarme de l'inexpérience des nouveaux élus : "Il y a un problème d'apprentissage, de compagnonnage et de maîtrise", explique-t-il. "Imaginez : j'ai 25 ans, je mets ma tronche à côté de celle de Macron et je suis élu ! J'ai l'impression d'être champion du monde, voire champion olympique. Ça donne des ailes, certains se voient déjà ministre ou secrétaire d'Etat. Il y a beaucoup de naïveté".
Une communication surveillée de près. REM tient à encadrer la communication de ses députés, pratiquement à la manière d'une entreprise. Les élus et le mouvement utilisent ainsi Telegramme, une messagerie cryptée, pour communiquer. Les cadres leur envoient des éléments de langage qui leur permettent de savoir quels mots utiliser devant la presse. Ainsi, quand on leur demande ce qu'ils ont retenu de ce week-end, c'est le mot "bienveillance" qui revient sur toutes les lèvres.
En marche... forcée ? Cette communication très verrouillée a fait ses preuves pendant la campagne, mais pour certains c'est être un député godillot, le petit doigt sur la couture du pantalon. Deux élus nous ont même confié pendant ce week-end qu'ils hésitaient à rejoindre le MoDem, pour conserver leur liberté d'expression.