Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées et alliée de Renaud Muselier, était dimanche soir l'invitée politique d'"Europe Soir". 6:01
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Jean-Gabriel Bourgeois, Hélène Terzian et Romain David , modifié à
Sophie Cluzel, secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, était dimanche soir l'invitée politique d'Europe 1. Celle qui devait conduire la liste de la majorité présidentielle dans la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a accepté de s'allier avec le président sortant, le Républicain Renaud Muselier.
INTERVIEW

Un séisme politique dans le sud de la France, et des fractures à l’échelle nationale. La majorité présidentielle a accepté de s’allier avec la liste du Républicain Renaud Muselier, candidat à sa réélection à la présidence du Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. L’objectif de la manœuvre : faire barrage au candidat du Rassemblement national, Thierry Mariani, susceptible de l’emporter en juin selon les enquêtes d’opinion. Cette alliance a fait bondir la direction de LR, qui a annoncé ce dimanche, par la voix de son président Christian Jacob, qu’elle retirait à Renaud Muselier son investiture.

"Beaucoup de choses nous rassemblent avec Renaud Muselier"

Renaud Muselier est "un homme qui a su dépasser les clivages politiques pour le bien commun", a tenu à saluer dimanche soir, sur Europe 1, Sophie Cluzel, la secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées, initialement envoyée en PACA pour défendre les couleurs de la majorité, et qui va donc rejoindre la liste de Renaud Muselier. "Hier, ma famille politique me soutenait à l’unanimité car j’étais le meilleur pour la région sud. Aujourd’hui, parce que Jean Castex annonce retirer la liste LREM, je suis accusé de trahison ! Comment comprendre cette agressivité, alors que je combats le Rassemblement national", a de son côté déploré Renaud Muselier dans un tweet.

"Nous allons unir nos compétences pour notre région en agissant ensemble [...], pour offrir cette alternative aux habitants et aux électeurs. [...] Cette crise sanitaire nous oblige à aller très vite pour reconstruire un projet qui respecte toutes ces différences", fait valoir Sophie Cluzel, qui l'assure : "Beaucoup de choses nous rassemblent avec Renaud Muselier". La secrétaire d'État préfère toutefois parler d'"alliance" plutôt que de fusion des listes.

L'appel du RN Stéphane Ravier aux électeurs de droite anti-Macron

Du côté du Rassemblement national, on se frotte les mains face à cette alliance, en anticipant une éventuelle fuite des électeurs de droite anti-Macron à la faveur de Thierry Mariani. "Désormais, c'est clair et assumé, avant même le premier tour : il n'y a plus aucune différence entre les LR et LREM. Renaud Muselier, qui voulait faire encore illusion il y a quelques jours, était déjà en pleine négociation et a obtenu ce qu'il voulait, le soutien d'Emmanuel Macron", tacle auprès d'Europe 1 Stéphane Ravier, sénateur RN des Bouches-du-Rhône. "Tout ça va se traduire par une soustraction électorale. Nous tendons la main aux électeurs LR ainsi bafoués, méprisés et, si j'ose dire, cocufiés", ajoute-t-il.  

Une redéfinition du paysage politique au détriment de la droite

Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, spécialiste de la droite, cette scission chez les Républicains balaye un peu plus le traditionnel clivage politique entre la droite et la gauche, LR ayant toujours eu du mal depuis le début du quinquennat à trouver sa place dans l’opposition. "Dès le premier vote de confiance au gouvernement d'Édouard Philippe, l'immense majorité des députés LR s'était abstenue à l'Assemblée nationale. Ensuite, bon nombre de sympathisants républicains s'étaient ralliés au gouvernement au fil des réformes, et puis contre les gilets jaunes", veut-il rappeler.

La stratégie politique d'Emmanuel Macron, le "en même temps", continue donc de payer ; en rassemblant les meilleurs de chaque camp, à droite comme à gauche, le chef de l'Etat installe un nouveau clivage politique. "Le clivage entre les progressistes et les populistes, entre les macronistes et les lepénistes", résume Jérôme Sainte-Marie.