"Macron démission" : Emmanuel Macron a été longuement hué mercredi en Alsace lors de son premier bain de foule depuis des semaines par des manifestants ulcérés par la promulgation de sa très contestée réforme des retraites. "On est là, on est là", ont-ils scandé dans la petite ville alsacienne de Sélestat dans le Bas-Rhin au milieu d'un concert de sifflets. "Vous avez un gouvernement corrompu", a lancé un homme aux cheveux gris, tandis qu'une jeune femme demandait "un signe d'apaisement. Mais là vraiment on ne voit pas".
"On a fait des concessions (...) Nous allons continuer à améliorer les choses sur les conditions de travail", a rétorqué Emmanuel Macron. "Je ne demande pas aux gens de prendre les décisions difficiles à ma place".
Les principales informations :
- Emmanuel Macron hué lors de son premier bain de foule
- "C'est pas des casseroles qui feront avancer la France", a estimé le président
- Le chef de l'État effectue dans le Bas-Rhin son premier déplacement après la promulgation de la réforme des retraites
Une "colère" s'exprime mais "elle ne m'empêchera pas de continuer à me déplacer"
Emmanuel Macron a assuré mercredi qu'il "continuera à être sur le terrain" malgré la "colère" qui s'exprime, en assurant "entendre" le mécontentement des Français. "Il faut entendre la colère, je ne suis pas sourd à celle-ci", a affirmé le chef de l'Etat lors de son déplacement. "Cette colère s'exprime, je ne m'attendais pas à autre chose mais elle ne m'empêchera pas de continuer à me déplacer", a-t-il ajouté.
Des manifestants tenus à distance
Tout au long de son déplacement en Alsace, le premier depuis des semaines et depuis la promulgation vendredi du report à 64 ans de l'âge de départ à la retraite, le chef de l'Etat a été accueilli par des petits groupes d'opposants en colère.
Les manifestants avant l'arrivée d'Emmanuel Macron à Muttersholtz.
Crédits : Mélina Facchin/Europe 1
Avant même son arrivée dans la petite commune de Muttersholtz où il a visité l'entreprise Mathis, spécialisée dans la construction en bois, une petite centaine de manifestants, tambourinant et scandant des messages hostiles, ont été repoussés par les forces de l'ordre. Ils ont ensuite été maintenus à distance. "Les casseroles ne feront pas avancer la France", a réagi, devant des journalistes, Emmanuel Macron. "Vous me reverrez toujours avec les gens (...) je n'ai pas le droit de m'arrêter", a-t-il ajouté alors que ses récents déplacements ont tous été chahutés par des opposants à la réforme.
Dans l'usine Mathis, la CGT a revendiqué une coupure de courant qui n'a toutefois pas plongée les lieux dans l'obscurité. "Nous l'avions annoncé, les énergéticiens seront partout et il fera tout noir pour le président", a déclaré à l'AFP Fabrice Coudour, secrétaire fédéral FNME-CGT. Le député insoumis du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes, invité à échanger avec le chef de l'Etat, s'est ensuite bâillonné le visage avec un bandeau 49.3, l'arme constitutionnelle utilisée pour faire adopter le texte sans vote. "Je représente cette France majoritaire qui refuse cette réforme et les méthodes de plus en plus brutales" du gouvernement. "Les casseroles sont la voix du peuple. Dans la rue et aux fenêtres", a tweeté le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
Les casseroles sont la voix du peuple. Dans la rue et aux fenêtres. #Macron dans le noir en visite officielle. Une étape se franchit dans l'insurrection citoyenne.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) April 19, 2023
Un déplacement privé à Saint-Denis attire 300 manifestants mardi soir
Emmanuel Macron est resté en retrait, à l'Elysée, pendant les trois mois de crise, à l'exception de deux visites, en Charente et près du lac de Serre-Ponçon, dans les Alpes. Lors de son allocution télévisée, lundi, des rassemblements et des concerts de casseroles avaient aussi été organisés dans tout le pays, signe d'une contestation qui s'installe malgré la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel et sa promulgation. Encore mardi soir, un déplacement privé d'Emmanuel Macron à Saint-Denis, près de Paris, a attiré quelque 300 manifestants.
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"Chacun d'entre nous a vocation à aller sur le terrain. Le président de la République est à l'évidence le meilleur ambassadeur de la politique conduite dans ce pays depuis six ans", a estimé mercredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lors de son compte-rendu du Conseil des ministres. "C'est important qu'on parle de ce qui change dans notre pays", a-t-il insisté, évoquant des sorties "possibles", "souhaitables" et "même indispensables".
Dans l'Hérault jeudi pour investir le thème de l'école
Jeudi, Emmanuel Macron doit enchaîner avec un autre déplacement, dans l'Hérault, consacré à l'école comme l'a révélé lundi Europe 1. Il échangera notamment avec des enseignants, des élèves et des parents du collège Louise-Michel de Ganges. Selon plusieurs sources macronistes, il pourrait à cette occasion faire des annonces sur la rémunération des enseignants.
"Accélération" semble le maître-mot de la séquence que le président de la République veut désormais ouvrir. Travail, immigration, lutte contre la fraude... L'exécutif affiche sa volonté d'engager sans attendre des réformes tous azimuts, une tâche qui s'annonce très compliquée puisque la Première ministre Elisabeth Borne, à laquelle il a réaffirmé sa confiance mercredi, n'est pas parvenue ces dernières semaines à élargir sa majorité relative à l'Assemblée nationale.