L'incendie de Notre-Dame est venu contrecarrer un plan com' bien huilé. Lundi soir, Emmanuel Macron a préféré annuler son allocution télévisée, pensée comme une réponse au mouvement des "gilets jaunes" et à la tenue du grand débat national. De la fiscalité aux services publics, en passant par les retraites, cette prise de parole contenaient de nombreuses mesures, selon le projet que s'est procuré l'AFP.
Une fiscalité allégée pour les "classes moyennes"
Partant du constat que "le besoin de justice fiscale s'est exprimé fortement pendant tout ce débat", Emmanuel Macron envisage la "baisse des impôts des classes moyennes". Celle-ci serait financée par la "suppression de certaines niches fiscales" mais aussi le fait de "travailler davantage".
Le président réclame aussi une "évaluation objective" de la transformation de l'ISF en IFI dès le début de l'année 2020, afin d'"apporter toutes les modifications et corrections nécessaires".
Les petites retraites ré-indexées
Afin de dynamiser le pouvoir d'achat, le président prévoit la ré-indexation des retraites de moins de 2.000 euros sur l'inflation à partir du 1er janvier 2020. "Je sais tous les malentendus qu'il y a eu sur le sujet des retraites dans ces deux années", avait-il prévu de dire. "Je le regrette. Je veux que la considération pour les retraités se traduise par la confiance et des règles claires." La désindexation des retraites avait été annoncée fin août par Edouard Philippe pour des raisons d'économies.
En outre, Emmanuel Macron souhaite pérenniser la prime exceptionnelle de 1.000 euros défiscalisée et désocialisée de fin d'année. Celle-ci avait été déclenchée en décembre 2018 pour tous les employeurs volontaires afin de répondre aux revendications des "gilets jaunes". Elle doit être reconduite "chaque année".
La sauvegarde des services publics
Dans cette allocution, Emmanuel Macron prévoyait de promettre qu'il n'y aurait "aucune fermeture d'école et d'hôpital" jusqu'à la fin du quinquennat, "sauf demande des maires". "Beaucoup de nos concitoyens ont le sentiment que leur territoire est abandonné", écrit le chef de l'État qui souhaite "assurer la présence des services publics" et "ouvrir un nouvel acte de notre décentralisation". Objectif : "plus de fonctionnaires sur le terrain, avec davantage de responsabilités" et "moins de fonctionnaires à Paris pour écrire des normes ou créer des règles".
C'est dans cette même optique d'efficacité que le président devait lancer "un travail profond dans chaque région avec les élus et les forces vives, afin de simplifier le mille-feuille de notre organisation selon le modèle adapté à chacun". Ce nouveau projet de décentralisation devrait voir le jour "d'ici à la fin de l'année".
La suppression de l'ENA
Favorable à un changement de ""la formation, la sélection, les carrières" des élites et des "décideurs", Emmanuel Macron veut supprimer l'ENA "et plusieurs autres structures". Selon lui, il faut donner "à tous nos jeunes leurs chances en fonction uniquement de leur mérite et pas de leur origine sociale ou familiale".
Plus de démocratie participative
Dans son allocution, Emmanuel Macron se disait "favorable" à ce que des référendums d'initiative citoyenne (RIC) se mettent en place "sur certains sujets d'intérêts locaux". En outre, le chef de l'État appelle de ses vœux la simplification du référendum d'initiative partagée (RIP), prévu par la Constitution mais pour l'heure difficile à organiser. Enfin, il compte annoncer l'installation "dès le mois prochain" d'une "convention de 300 citoyens tirés au sort". Celle-ci sera chargée de "travailler à la transition écologique et aux réformes concrètes à prendre".
"Vous voulez, je l'ai entendu, être mieux représentés", devait dire le président, en assurant "partager cette conviction". Selon lui, "nous devons, pour nos élections, en particulier au Parlement, avoir moins d'élus et un scrutin plus juste et significativement plus proportionnel".