Alors que plus de 22.000 amendements sont attendus à l'Assemblée nationale, à l'examen en commission du projet de loi visant à créer un "système universel" de retraite par points, le président du Sénat, Gérard Larcher (LR), invite le gouvernement de ne pas utiliser le 49-3. "Ça finit toujours mal", déclare Gérard Larcher, interrogé par le Journal du Dimanche sur un éventuel recours à cet article de la Constitution qui permettrait d'abréger les débats.
"Attention aux amendements caricaturaux"
Quant aux quelque 19.000 amendements déjà déposés par la France Insoumise sur le projet de loi en commission, M. Larcher ne juge "pas illogique que les parlementaires tentent d'influer" sur les 29 ordonnances que prévoit le gouvernement "sur 40 sujets majeurs". "Mais attention aux amendements caricaturaux, qui abîment le travail parlementaire", met-il en garde. Patrick Mignola, patron des députés MoDem, souhaitait face à cette avalanche d’amendements un "49-3 de dissuasion". "Au Sénat, nous ne sommes jamais dans une procédure d'obstruction. Mais nous voulons un débat clair, transparent, compréhensible pour les Français", affirme Gérard Larcher.
"Je tends la main au gouvernement pour qu'il se redonne du temps"
Le président du Sénat affirme qu'il continuera à demander la levée de la procédure accélérée sur ce texte, comme votée cette semaine en conférence des présidents de la chambre haute. "Je tends la main au gouvernement pour qu'il se redonne du temps : il peut à tout moment lever la procédure accélérée". L'ancien ministre du Travail affirme encore que "ce n'est définitivement pas la réforme qu'aurait faite la droite", "car le pilier d'une réforme de droite repose sur l'âge de départ à la retraite".
"Là, le grand risque, c'est que ça se termine par une augmentation des cotisations, puis un pompage dans les réserves et enfin dans la cotisation pour le remboursement de la dette sociale (CRDS)", estime-t-il. "Comment alors va-t-on financer la dépendance? Pour tenter d'éteindre un front, on va en oublier un autre", affirme M. Larcher, fustigeant "une politique de gribouille sur des masses financières énormes".